Elle a 9 ans Cynthia quand elle est enlevé par les Comanches. On est en 1836 et en 1860 elle est enlevée à nouveau contre son gré à la demande de sa famille d’origine devenue la sienne. Ce destin d’exception est celui de Naduah, prénom indien de Cynthia, une histoire vraie à laquelle fait aussi penser la Prisonnière du désert de Ford. Séverine Vidal que l’on avait interviewée, et nous avait annoncé l’album, a écrit le scénario qui repose sur un travail minutieux d’enquête, mi fiction et décor historique sur la vie de Cynthia Ann Parker. Vincent Sorel dessine d’un trait sobre, juste et sans artifice, bourré d’émotions. Deux cultures pour une seule femme qui avait fait au final ses choix et que l’on n’a pas laissé les vivre.
1836, Fort Parker au Texas. Une troupe indienne attaque les colons. La mère de Cynthia la cache avec son jeune frère John. Le massacre est général. Seule Cynthia, le bébé et une autre enfants sont épargnées et emmenées. En 1860, Anabel en classe apprend que son père a ramené une femme et son bébé de chez les Comanches. C’est Cynthia Ann devenue adulte. Son oncle doit venir la chercher. Anabel est réputée pour être une guérisseuse. Elle va soigner la fille de Cynthia et établir des liens avec elle qui a vécu 24 ans chez les Comanches. Cynthia va lui raconter sa vie chez les Indiens en dessinant des scènes qui montrent sa famille, ses deux garçons. Son oncle ne comprend pas qu’elle ne se réjouisse pas de revenir dans son monde. Mais Naduah ne veut pas renier le sien, chez les Comanches où elle a été heureuse.
Marcher sur un fil en permanence, c’est le quotidien d’une femme comanche. Naduah aura la chance de former un couple et une famille unique avec Nocona. Elle ne reniera rien. Il y aura des évènements nombreux qui conforteront que son bonheur est désormais avec les Indiens qui le trahiront Mais on n’en tiendra pas compte. Avec le personnage d’Anabel qui sert remarquablement de fil rouge, on comprend la manipulation officielle, la volonté de décimer les tribus et l’inacceptable de toute relation mixte. La tendresse est palpable. Un très beau moment qui aurait pu avoir une autre fin si la bonté l’avait emportée sur la bêtise.
Naduah, Cynthia Ann Parker, cœur enterré deux fois, Glénat, 22 €
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