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Erostrate, un méconnu au royaume des Dieux

Un inconnu au royaume des Dieux de l’Olympe, ce qui est rare, au moins comme on dit en latin, méconnu par le vulgum pecus. Traduction, le bon peuple. D’où cette biographie qui remet les choses en place, en long en large mais pas en travers signée par le très chaleureux et talentueux Martin Veyron. Erostrate n’avait qu’une envie être célèbre par tous les moyens. Comme on va le voir il a un peu dérapé pour y arriver. Sacré Erostrate, un type qui mettait le feu aux poudres, ce qui lui a coûté d’être transformé en barbecue et pas pour autant être une star divine.

Ras le bol de ne pas être une vedette, alors Erostrate en 356 avec Jésus, habitant d’Éphèse cité grecque en Turquie actuelle flanque le feu au temple d’Artémis considéré comme une des sept merveilles du monde pas moins. Gonflé et en prime il le dit partout que c’est lui le pyromane. Il est semble-t-il beau comme un dieu ce qu’il n’est pas mais bon. Pour un mortel il a du panache. Les flics locaux l’arrêtent et l’amènent aux autorités. Un suspect qui se dit coupable. Comme c’est paix avec Athènes qui peut être le commanditaire ? Y en a pas qu’il dit Erostrate. Mais pourquoi donc alors a-t-il pu commettre un acte aussi débile ? Parce qu’il voulait devenir célèbre, signer des autographes, serrer des mains dans la rue. On va un peu beaucoup le torturer pour qu’il avoue vraiment. Y a un doute. Rien n’y fait, il persiste et signe. Du coup les Grecs pas idiots vont essayer de comprendre en lui faisant raconter sa vie épique. Il est bien né à Athènes où son père est potier.

Callimaque poète, Pélogène potier et papa du rejeton Erostrate, la maman Théonira qui a un peu fauté avec Apollon, c’est déjà tordu au départ. Alors il grandit le bambin, montre très vite son goût pour les applaudissements, à trois ans adore se distinguer dans une fête publique. Il écoute des récits fantastiques, s’interroge, raconte Héraclès et ses exploits divers, Achille et son talon, Aristophane, Ulysse. Tous y passe, il va à l’école et apprend que son nom veut dire Armée de l’amour. Un petit histrion ce garçon et la mythologie défile mais les dieux il ne faut pas les défier. Serait-ce la raison de cette flambée de temple ? Le bûcher il le mérite. Cela dit si aujourd’hui on passait sur le gril tous ceux qui veulent devenir célèbres, politiques compris, il y aurait de l’attente devant le tas de bois. Humour, un trait et des dialogues toujours aiguisés, Martin Veyron a joyeusement revisité la Grèce classique.

Erostrate, Éditions Dargaud, 30 €

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