Un bouquin qui est une sorte de pamphlet et un monument sur une société américaine où toutes les valeurs sont remises en question, où le 11 septembre a tiré un trait sur des certitudes, sur un mode de vie mais où cela ne sera peut-être que provisoire. Rick Veitch a signé Can’t Get No, un pavé où tout va partir en vrille à partir d’un évènement très US, la mise au rebut d’un homme jeté sur le pavé à cause d’un produit pour cause de lobby qui pense détenir la vérité avec ses gourous déjantés. Il se retrouve obligé d’essayer de comprendre pourquoi il en est arrivé là.
Il a des repères qui commencent à se diluer. Chad Ros est le patron d’une boite qui fabrique des feutres indélébiles, une bonne cotation en bourse. Heureux et dans la ligne du capitalisme triomphant. Il travaille à Manhattan dans une des Tours Jumelles. Mais sa société Etern-O-Mark est attaquée par la ville et des particuliers qui l’accuse de donner la possibilité à des graffeurs de faire des graffitis indélébiles. Tout s’écroule, Chad se retrouve à la rue, se bourre de tranquillisants et tombe sur deux filles dans un bar qui vont en faire une sorte de monstre tatoué des pieds à la tête avec ses propres marqueurs. Chad est désormais hors normes, alors qu’il aurait peut-être une chance de remonter la pente avec un nouveau job mais impossible d’y aller peinturluré. Il va pourtant croire que sa vie peut changer mais le 11 septembre vient en ajouter une couche imprévue et ingérable.
Tout à fait déstabilisant ce Can’t Get No (paru en anglais en 2006) par sa violence et ses réalités remises en cause dans une Amérique où le héros va voyager et se ressourcer, repartir au fil des pages, faire des rencontres impossibles dont un clone de Jackie Kennedy. Il vit des aventures psychédéliques et surréalistes. Il est porté disparu dans les Twins, reconsidère ses propres racines, ses liens, ses valeurs inculquées par une société américaine hypocrite. Très fort et unique.
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