Histoire de jungle, de tribus, de singes, de vengeance dans un désert aride, Le Dieu-Fauve est un conte tragique, un drame assez Shakespearien avec ses héros aux destins sans retour. Comment le jeune singe Sans-Voix va-t-il devenir le Dieu Fauve et se transformer en tueur sans pitié ? Il serait intéressant de demander à Fabien Vehlmann d’où lui est venue cette idée de scénario à la fois très construit, philosophique et d’une rare force violence mais pas gratuite. Au dessin il y a Roger, oui Jazz Maynard dans un contexte où il a pris des risques assumés. Un trait vif, enlevé, alerte et d’un réalisme fulgurant, aussi rapide que ses personnages. Un album qui étonne, subjugue par les rapports entre justice, paix et finalement le totalitarisme, la désagrégation d’une civilisation.
Une petite troupe, traquée par Dieu-Fauve qui a enduré les pires souffrances et s’en souvient, des femmes et des hommes qui tuent, une longue marche, des récits dictés par quatre personnages qui racontent leur quotidien, un suspense car tout est possible. Fabien Vehlmann excelle. Le Dieu-Fauve est la menace qui plane et va déstabiliser les restes d’autorité et de cohésion des humains. De la tristesse, et quelle fin au bout du chemin ? On est à la fois bouleversé et bousculé. Un album puissant.
Le Dieu-Fauve, Dargaud, 21,50 €
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