Olivier Vatine est le président de l’édition 2015 du festival BD de Palavas-les-Flots dans l’Hérault. Les 20 et 21 juin, des auteurs de renom vont se côtoyer Phare de la Méditerranée sur la rive gauche de la station balnéaire. Mais avant les trois coups, Olivier Vatine et Olivier Sztejnfater, general manager de Comix Buro, reviennent avec Ligne Claire sur cette nouvelle version du festival de Palavas. Ils parlent aussi d’un superbe projet Infinity dont Lewis Trondheim sera le co-scénariste édité par Rue de Sèvres. Enfin, ils font le point sur le marché de la BD rattrapé par la crise. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Olivier Vatine président du festival, vous avez fait appel à pas mal de vos amis dessinateurs pour cette édition ?
O.Vatine : Oui, mais en parfaite osmose avec l’association La Bulle des étangs qui organise depuis le début le festival de Palavas. Il fallait passer à une version 2.0, changer de lieu si ce n’est qu’à cause du coût du chapiteau sur le quai. Cette année nous serons au premier étage du phare de la Méditerranée et dans les jardins attenants. Un endroit très agréable et convivial.
O. Sztejnfater : L’idée était aussi de faire un salon plus confortable pour que d’autres auteurs se déplacent, aient envie de venir.
Parlons du plateau 2015. Il y a beaucoup d’auteurs qui seront là pour la première fois ?
O.V : Oui comme Alex Alice, Christian Rossi à qui une exposition est consacrée au casino. Lewis Trondheim, Brigitte Findakly ou Guy Delisle seront aussi de la fête. Dominique Bertail, Yoann, Franck Biancarelli, Perger, Bourlaud, Varanda, Martin Trystam, Calderon, Jim, un très beau plateau comme on dit. Il y aura aussi la petite-fille de Wul pour bien sûr notre série adaptée de ses romans. En fait, nous avons un peu dit ce qu’il fallait faire pour pérenniser la qualité des invités dans le futur. Cela va être un superbe rendez-vous.
Palavas c’est donc les 20 et les 21 juin. Vous avez aussi, Olivier Vatine, un projet désormais validé qui fera date, non ?
O.V : On a effectivement, avec Lewis Trondheim, un projet dont il est le co-scénariste. C’est de la science-fiction dans la lignée de celle des années soixante-dix comme Star Trek. Un vaisseau perdu entre deux galaxies envoie un agent qui explore cet univers. On revient à zéro à chaque fois dans chaque album. Il y aura huit albums. Je viens de finir la bible graphique et je commence à avoir des retours des dessinateurs.
O.S : Les premiers albums de cette série qui portera le nom du vaisseau spatial, Infinity, paraîtront début 2017. Nous avons décidé qu’ils seraient tous prêts afin de pouvoir les diffuser très vite. Chaque album sera un one-shot avec une fin dans le dernier mais aussi avec sûrement une ouverture pour une saison deux si Infinity marche auprès du public.
C’est un projet ambitieux.
O.V : Oui et nous avons la chance d’être suivis par les éditions Rue de Sèvres qui vont d’ailleurs faire le déplacement à Palavas pour rencontrer certains des auteurs du projet. Il y aura Davy Mourier et Di Felici, Emmanuel Guibert et Biancarelli, Trondheim et Kilofer, Vehlmann et Balez, Kriss et Trystram, Trondheim et Baulet. Je serai au dessin et co-scénariste d’un album, Zep et Bertail. C’est une idée qu’on avait eu avec Lewis Trondheim et qu’on a affinée pour enfin la faire naître.
Vous êtes toujours aussi dans les mondes de Wul ?
O.V : On avait décidé d’adapter une douzaine de romans de Stefan Wul. Ce qui a terme donnera vingt-cinq BD dont une douzaine ont été publiés. Je termine le tome 3 de Niourk qui sortira le 24 septembre. C’est une série qui marche bien dans un monde difficile. La BD subit le poids de la crise. Mais pour Ankama, l’éditeur, c’est une collection prestigieuse qu’ils défendent bien.
O.S : Ce sont souvent les blockbusters qui souffrent aujourd’hui le plus et les éditeurs diminuent leurs tirages.
La BD a vraiment été rattrapée par la crise ?
O.V : C’est évident. L’argent manque et les gens le répartisse autrement. Les jeux vidéo, les films téléchargés, il faut travailler différemment. Pour Wul nous sortons un album spécial qui sera offert avec trois albums achetés. Mais c’est un vrai album, prime d’accord, mais de 56 pages avec par exemple une nouvelle de Wul inédite dessinée par Trystram. Il sortira fin août.On publie aussi trois nouveaux sketch-books, Bertail, Rossi et De Felici chez Comix Buro.
O.S : C’est paradoxal car une BD coûte moins cher à faire grâce aux logiciels de mise en couleurs, les serveurs, le matériel dont s’équipe les auteurs à leurs frais. La surproduction ajoute à la crise. Olivier Vatine utilise une formule qui résume parfaitement la situation: les éditeurs pêchent à la grenade. Tant pis pour les dommages collatéraux et les auteurs qui disparaissent après un album.
O. V : Avant il fallait avoir envie de faire de la BD, envers et contre tout. C’est devenu plus sexy, une sorte de filière en particulier dans l’esprit des parents.
Comment voyez-vous évoluer la BD ?
O.V : C’est pas demain qu’on se passera du papier. De toute façon c’est le support le moins piratable. Les blogueurs une fois connus sont édités en album. Moi, j’aime les livres, les bibliothèques. Je suis arrivé à la BD par la bibliophilie si je puis dire. L’interactivité en version numérique ? A voir. Il y a peut-être une piste pour la 3D en BD comme sur une console. Mais on n’y est pas encore.
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