On oublie souvent les Justes, ceux qui ont mis leur vie en jeu pour en sauver d’autres, pendant la seconde guerre mondiale où l’horreur a dépassé l’entendement. Irena Sendlerowa est une Polonaise qui à Varsovie sous la botte nazie va tout faire pour aider puis exfiltrer des enfants juifs du ghetto. Dans ce tome 3 d’Irena, Varso-vie, qui raconte son parcours fait de courage et de sacrifice, on va avec Irena encore plus loin dans la tragédie car après la Shoah, la déportation, l’extermination du peuple juif, la destruction du ghetto après sa révolte qu’allaient devenir tous les orphelins juifs polonais adoptés ? Deux millions sept cent mille juifs polonais ont été exterminés par les Allemands. En 1947 l’idée de créer un état juif en Palestine commence à être envisagée.
Le jour de sa communion catholique en 1947 Oliwka apprend qu’elle s’appelle Astar Berkenbaum, qu’elle est juive. Il faut qu’elle parte de Pologne pour échapper aux Russes tout autant antisémites. De camp en camp Astar va rencontrer Kinor, naviguer sur l’Exodus, atteindre la Palestine puis être refoulée, remise dans des camps. Beaucoup plus tard avec sa fille en Israël, à Yad Vashem mémorial de la Shoah, elle lui raconte son périple et comment elle a été sauvé avec des milliers d’enfants par Irena Sendlerowa. Arrêtée, torturée par la Gestapo, Irena a été battue tous les jours pour qu’elle donne les noms de son réseau. La résistance veut la faire évader. Des exécution sommaires ont lieu dans la cour de la prison enfants compris. Helena est libérée et annoncée comme fusillée. Dans les ruines du ghetto Irena revoit tous les petits fantômes qu’elle a aidés, qu’elle a fait adopter, dont elle a tenu la liste pour sauver au moins leur mémoire. Irena va poursuivre son œuvre jusqu’au bout. Il faut apprendre aux enfants juifs à devenir des catholiques pour échapper aux SS. C’est ce qu’a vécu Astar.
2500 enfants, ce sera le nombre d’enfants qu’Irena aura sauvé. Mais la lutte va continuer pour qu’ils puissent être enfin libres, retrouver leurs racines. Il y aura un tome 4 mais déjà on peut dire que cette série est incontournable à plus d’un titre. Elle rend hommage à une femme oubliée injustement et martèle car il le faut que l’Histoire doit servir de leçon. Le mot génocide n’a pas disparu depuis 1945, ni le racisme, ni l’antisémitisme. Un destin de juste parmi les justes. Jean-David Morvan, David Evrard avec un dessin d’autant plus fort qu’il est presque enfantin et Séverine Tréfouël ont fait acte de mémoire avec talent, délicatesse, émotion et authenticité. Il faut les en remercier et faire lire leur Irena.
Irena, Tome 3, Varso-vie, Glénat, 14,95 €
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