Ce n’est pas qu’une impression. Matz n’y va pas avec le dos de la cuillère dans ce tome 3 de Le Tueur affaires d’état. La politique, et des politiciens prêts à tout pour garder leurs sièges, le conquérir, être nommé ministre, tous les moyens sont bons. Le Tueur avec ses camarades de jeu du service spécial dressent un portrait saisissant de ce qu’est finalement le monde qui nous entoure alors que nous sommes dans une période préélectorale des plus étonnantes, perturbantes, troublantes même. Le Tueur aligne en voix-off des constats qui sont des vérités ? Allez savoir, sans non plus ne pas percevoir que le futur candidat ministre a un petit air de famille avec un ancien Premier Ministre. Mais ce n’est sûrement qu’une impression fortuite. On ne dira jamais assez la qualité du travail de Jacamon au dessin, à la fois sobre, précis, impactant. Avec Matz le duo continue à soulever des lièvres qui sont bien réels, terrifiants. Un vrai réquisitoire.
Le Tueur philosophe. Il est là avec l’équipe pour nettoyer les bas-fonds de la République. Couverture, vie privée, cadre à bon job, il a une double vie où la mort est la clé des problèmes. Si possible sans vague, accidentelle. Un homme politique veut l’Intérieur et ça risque de poser soucis car il est pourri. Les truands se flinguent entre-eux, ce qui ne dérange pas les flics. Eddy et son équipier compte les points et les cadavres. Mais la nature a horreur du vide. Matt prend les rênes d’un trafic d’armes pour terroristes. Le fric d’abord et flingue la concurrence. Un grand ménage ? Et des truands morts au moins ne sont pas relâchés dans la nature. Campagne du politicien maire Marchand, Barbara, Nicolas et le Tueur sont prêts. La cible est désignée.
Avec Matz, on est polar un point c’est tout, mais du solide, du nerveux, du sans façon. On le répète, le portrait qu’il trace dans ce tome 3, l’environnement aussi bien policier que judiciaire, politique est à la fois glaçant et vraisemblable. La progression et le dénouement sont parfaitement maîtrisés tout en posant question sur le fond. Terrorisme, financement de lieux de culte, informateurs de journalistes, comptes à régler, on efface tout pour mieux recommander. Le Tueur sait naviguer en eaux troubles, éviter les leurres et les témoins. Un épisode qui fait vraiment monter la pression.
Le Tueur, Affaires d’état, Tome 3, Variable d’ajustement, Casterman, 11,50 €
Articles similaires