On les croyait définitivement retombés en enfance à la fin de l’Ouvre Temps, la série terminée. Pierre Christin et Jean-Claude Mézières ont pourtant rouvert la porte d’un album, Souvenirs de futurs, à Valérian et Laureline. A tour de rôle, les deux auteurs se sont confiés à ligneclaire.info. Pierre Christin ouvre le bal. Demain ce sera au tour de Jean-Claude Mézières.
Des histoires courtes qui s’intercalent dans les albums de la saga, c’est la trame de ce nouvel album ?
Le présent n’existe pas dans Valérian. Il vit à plusieurs époques. Il y a donc une incertitude temporelle. L’histoire dont j’ai tiré une histoire courte dans chaque album a déjà eu lieu. C’était amusant de revenir sur ce qui s’était déjà passé. Ce sont nos héros, les protagonistes qui donnent un nouvel éclairage. Il y a de la nostalgie à « revisiter » nos histoires. Cela donne envie de relire les albums, un peu comme voir un film adapté d’un bouquin donne envie de le lire.
Comment avez-vous travaillé avec Jean-Claude Mézières ?
Ce qui a été déterminant c’était l’état d’esprit créatif de Jean-Claude. Il a plaisir à faire de grands dessins et ne plus aligner les cases. Cela lui était devenu pénible. C’est mon copain. Je devais le servir. Les grandes scènes lui libèrent la main. On a retrouvé des atmosphères anciennes de travail. Avec ces petites histoires on restait en contact avec un rythme de vie différent de celui que l’on connaissait pour un album à histoire unique.
Vous avez fait le choix ensemble d’un recueil d’histoires courtes.
Comme beaucoup de gens j’ai la nostalgie des hebdomadaires de BD qui publiaient des histoires courtes. C’est un retour à un style que je n’avais pas pratiqué depuis longtemps, la nouvelle en fait. Le principe de création a été simple : la relecture des albums dans l’ordre chronologique. On aimerait bien aussi utiliser d’autres titres. Mais ce n’est pas une fin en soit. Même si j’ai commencé à réfléchir à la suite. Sans pour autant que nous souhaitions « une suite sans fin ». Par contre des albums comme celui de Larcenet, oui. Pas question pour Jean-Claude et moi de tirer à la ligne.
Oui, le ton est plus léger. Nous avons dépassé l’âge d’être juvénile. Valérian est une saga très complexe. Valérian et Laureline sont un couple, une princesse qui vient d’un conte de fées et un prince héros de l’espace. Tout en étant un couple moderne. C’est aussi une comédie sentimentale, tendre. En fait, je me suis souvent servi comme inspiration de mes rêves que je note, de mes lectures, scientifiques ou pas. Valérian m’a donné beaucoup de plaisirs intellectuels. Il n’y a qu’une seule aberration dans Valérian, l’astronef qui va plus vite que la lumière. Nos personnages secondaires ont fait de belles carrières comme les Shingouzs. C’est vrai que notre maître a été Goscinny pour le mécanisme du gag comique. D’où peut-être cette impression.
Et maintenant, Pierre Christin, après Valérian ?
Partie de Chasse sera réédité à la rentrée, 30 ans après. Avec Enki Bilal nous allons ajouter des textes illustrés qui montreront ce que sont devenus les personnages. Chez Glénat j’ai un projet de roman graphique sur Robert Moses qui a été le bâtisseur moderne, le maître constructeur de New York. Un dernier détail : il y a des gens qui croient que le scénariste travaille après le dessinateur. Qu’il remplit les cases laissées vides. Authentique.
Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC
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