Un western minier sur fond de corons dans le nord de la France. Un jeune garçon qui aimerait bien éviter de rejoindre son père au fond du puits à charbon découvre l’Ouest américain grâce au cirque de Buffalo Bill. On est au début du XXe siècle et Les Gueules rouges sont d’abord noires. J.M. Dupont au scénario et Eddy Vaccaro au dessin ont mis en scène un destin hors normes et romantique tout en traçant un portrait très juste des conditions de vie difficiles, le mot est faible, des mineurs.
Gervais est un très bon élève et son instituteur aimerait qu’il continue ses études. Mais son père est mineur et dans la famille on va au fond aussi bien pour des raisons financières que morales. En 1905 le cirque de Buffalo Bill fait une tournée en Europe. Gervais rêve d’aller voir le spectacle où le colonel Cody se bat contre les Indiens. Mais le prix du billet est trop cher et son père refuse tout en exigeant que Gervais commence son apprentissage de mineur. Il rêve de lutte social et de la fin des bourgeois donc pas question que son fils en devienne un en étudiant. Gervais descend au fond du puits et Buffalo Bill défile à Valenciennes, la parade avant la représentation sous un gigantesque chapiteau. Gervais part à pied et réussit en douce à entrer sans payer au cirque où il se lie d’amitié avec deux Indiens du spectacle, Setting Bull et White Eagle.
Hormis le cadre général de la mine c’est l’aventure que va vivre le jeune garçon avec ses amis Indiens qui apporte tout son cachet à cet album aux remarquables tons pastels. Gervais est épris de liberté et va défendre les deux Sioux envers et contre tout accusés de meurtre, faisant déjà face à un racisme ordinaire. C’est vrai qu’on a une sorte de western décalé et transposé chez les ch’tis bien fait, humain et chaleureux. Gervais comme il le dit va découvrir la modeste beauté de la mine et peu après d’années l’horreur des tranchées dans un char. Mais il aura fait de brillantes études. Une belle histoire bourrée d’émotion.
Les Gueules Rouges, Glénat, 20,50 €
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