Qui était ce Lorenzo da Ponte à qui Eddy Vaccaro et Clément Baloup consacrent un roman graphique des plus détaillés plein de vie et de péripéties étourdissantes ? Dans l’ombre de Don Giovanni rend justice, en le faisant découvrir à un plus grand nombre, à un Vénitien qui sera prêtre, ami de Casanova, amoureux et séducteur impénitent, mais surtout auteur des livrets des plus célèbres opéras composés par Mozart, Don Giovanni. Il était une fois un Lorenzo qui allait traverser deux siècles, le XVIIIe et le XIXe pour au final partir en Amérique fonder le Metropolitan Opera pour faire découvrir l’art lyrique aux Américains. Un cas ce Lorenzo da Ponte, un génie, un précurseur de talent qui valait bien qu’on le suive à la trace, toujours insaisissable dans un album digne des meilleurs romans d’aventure.
Il va commencer par changer de religion, Lorenzo. Juif, il devient catholique et prend le nom de son mentor évêque Da Ponte en 1763. Dix ans de séminaire, abbé et sa soutane à la mer, il vit à Venise dans la joie et et la bonne humeur, séducteur souvent pris en faute, ami d’un certain Casanova vieillissant, et bientôt obligé d’aller se faire pendre ailleurs. A Dresde en 1779, il ne s’amende pas et doit en partir avec une lettre de recommandation pour le bien connu Salieri à Vienne où il devient l’un des favoris de l’Empereur Joseph II. C’est alors le début de ses livrets d’opéras et sa découverte d’un jeune musicien génial, Mozart. Les Noces de Figaro sont le premier chef d’œuvre de ce duo atypique. Mais, le succès ne lui fait pas que des amis dont bien sûr Salieri jaloux. Et en prime réapparait Casanova.
Eddy Vaccaro et Clément Baloup (Viet Kieu) alternent période italienne, autrichienne de Da Ponte avec ce qui sera son second triomphe, son arrivée et son séjour aux États-Unis pour fuir une Europe où les créanciers le pourchassent. Lorenzo da Ponte aura un mécène, et créateur du Père Noël, Clément C. Moore avec lequel il jettera les bases de l’implantation de l’opéra italien aux USA. En fait, Da Ponte est un grand homme de lettres, libertin, parfois désabusé mais d’une rare modernité. Le suivre au fil des pages de cet album est un plaisir, une superbe découverte dans laquelle on se plonge et dont on ne ressort qu’une fois la vie de cet esthète brillant a pris fin. Sur des aquarelles tout en finesse qui recomposent et rendent à merveille lieux et ambiance du temps.
Dans l’ombre de Don Giovanni, La Boite à Bulles, 20 €
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