Primordial, Laïka, Able et Baker ont disparus

Une balade dans l’espace pour une uchronie qui revisite les débuts de la conquête des étoiles. Primordial est une vision séduisante mais aussi dérangeante car déstabilisante d’un monde lointain dans lequel aurait fini trois cobayes lancés en Spoutnik ou autre vaisseau US qui ont disparus. Version officielle américain et soviétique démentie par l’enquête d’un duo improbable qui va aller au bout de ses certitudes dans un monde qui ne sera pas finalement celui que nous connaissons. Pas mal assemblée et concoctée cette recette qui manque cependant un peu de répondant et de précisions. Jeff Lemire est au scénario et Andrea Sorrentino (Batman imposteur) au dessin.

Primordial

Avec Spoutnik en orbite, puis la chienne Laïka dans sa capsule mais qui disparait, l’URSS en pleine guerre froide ont un coup d’avance sur les USA. Eux ce sont des singes qu’ils envoient dans l’espace, Able et Baker. Plus de signes de vie non plus. A Cap Canaveral en 1961 le professeur Pembrook débarque pour le projet Pen Cap du programme spatial. Mais tout est arrêté, on plie bagage. L’armée prend le relais pour ses missiles balistiques. Fini la Lune. Pourtant des informations bizarres sur ce que sont devenus les singes en 1959 subsistent. Ils étaient encore vivants après l’heure officielle de leur mort dans la cabine. Le président Nixon et son rival Kennedy doivent faire face aux Russes menaçants en Pologne. Pembrook est contacté et on lui suggère d’aller à Berlin car en Russie aussi, avec Laïka, il y a un problème.

Primordial

On est accroché dès le départ par cette virée séduisante dans un monde dont on ne sait rien qui se précise peu à peu. Une Russe Yéléna et Pembrook vont établir que les animaux ont été enlevés. Mais par qui ? Comment ? Pourquoi ? Très finement sur le plan graphique Sorrentino alterne le style de son dessin pour bien montrer la différence entre les deux mondes possibles. Des images superbes et un découpage habile mais il manque une certaine cohésion au récit qui part un peu dans tous les sens sans apporter de pistes vraiment tangibles. Ce qui est l’écueil de ce genre de thriller. Cela dit, ce Primordial est quand même très prenant. Il faut en fait se laisser emporter sans être trop cartésien. Une ancienne base nazie, des méchants, un complot peut-être, on ne dit pas tout bien sûr car il y a des surprises très animales.

Primordial, Urban Comics, 21 €

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