Pour une génération élevée au biberon Spirou, celle de la fin des années cinquante, évoquer Peyo c’est voir apparaître le souvenir des aventures de Johan et Pirlouit. Bien sûr, les Schtroumpfs viendront, un peu par hasard, évincer ce duo au demeurant d’une rare qualité. On le voit bien dans la très belle biographie en images que les éditions Maghen consacrent à Peyo, Une vie à schtroumpfer. Un gros album bien joufflu grâce aux archives souvent inédites de la famille Culliford et au sage Peyo qui avait su préserver ses originaux. Vincent Odin en a été le maître d’œuvre, avec Walthéry qui a fait partie de l’aventure initiale aux côtés de Peyo, et José Grandmont. C’est Peyo en personne qui scande les pages de ces carnets avec des extraits de ses interviews. Une impression haut de gamme et des inserts de transparents ou de documents multi-formats font de cette biographie un incontournable pour les fans de Peyo et, si besoin, un très beau cadeau de Noël.
La BD, ce sera toute sa vie à Peyo. Depuis sa jeunesse, avec des Indiens et des scouts, des lutins déjà bien avant Pirlouit et les petits personnages tout bleu. De la pub est des pirates aussi. En fait c’est Johan qui va lui ouvrir les portes du succès et un joli coup de pouce d’un certain Franquin chez Dupuis. De blondinet, Johan passera au brun en 1951. Le Châtiment de Basenhau et Le Maître de Roucybeuf seront ses premières aventures. Un jeune chevalier au cœur pur, souriant, on découvre dans le recueil les couvertures et des planches de ces grands moments du travail de Peyo. Pirlouit rejoint Johan, diablotin capricieux mais plein de bon sens avec sa biquette. Peyo se reconnaissait dans son Pirlouit. Mais c’est peut-être dans La Source des dieux que le couple Johan-Pirlouit s’affirme le plus sur un scénario prenant et par moments angoissant dans ce monde souterrain végétal ou règne un curieux ermite et ses serpents. Le Sire de Montrésor précède le titre tournant dans l’œuvre de Peyo, La Flute à six schtroumpfs. Les petits lutins au nom bizarre (on connait par cœur l’origine) seront d’abord, après l’album, les héros de ces mini-récits, agrafés au centre du journal qu’il fallait découper et articuler pour pouvoir les lire. Une vraie galère. On en retrouve les originaux dans la biographie. Ensuite, c’est connu, les Schtroumpfs deviennent des héros à part entière, du papier au dessin animé ou au cinéma.
Il ne faut pas oublier un autre héros de Peyo, c’est Benoît Brisefer et sa Madame Adolphine. On l’adorait ce petit garçon très très fort qui perdait son pouvoir si il s’enrhumait. Poussy marquera beaucoup moins les lecteurs. Gargamel, le Schtroumpfissime, et la mignonne schtroumfette, ils sont tous là, dans leurs planches d’origine, où le trait de Peyo exulte. Les Smurfs envahiront les USA et malheureusement Peyo nous quittera. Mais comme on le voit dans cette biographie parfaite, l’esprit et le génie de Peyo ne sont pas prêts de disparaître.
Une Vie à schtroumpfer, 1928-1992, Éditions Maghen, 59 €
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