Cooper un guerrier à Hollywood, Silloray rempile

Florent Silloray s’était déjà lancé sur les traces du mythique photographe de guerre, Robert Capa. Il en avait signé la biographie dessinée, Capa l’étoile filante, et avait répondu aux questions de ligneclaire.info. Silloray avait évoqué la possibilité de traiter la vie d’un homme qui a été, certes le père de King Kong, mais aussi un pilote de chasse, espion, réalisateur, producteur, créateur de la Panam, Merian C. Cooper. C’est fait. Dans Cooper, un guerrier à Hollywood, Silloray, qui joue une fois de plus sur ses aplats en parallèle de la couleur qui, elle, rend compte du présent, livre un portrait saisissant de Cooper que beaucoup vont découvrir. Au moins à travers les facettes méconnues et étonnantes de son personnage d’aventurier hors normes.

Un guerrier à Hollywood 1972, une journaliste Sarah Evans rencontre chez lui Merian Cooper. Cooper est une légende cinématographique mais, comme va l’apprendre Sarah, il est un homme aux multiples visages. Viré de la marine de guerre américaine, il passe dans la Garde Nationale et croise la route de Pershing dans sa lutte au Mexique contre Pancho Villa. De là, Cooper, fou d’aviation, devient pilote officier et part se battre en France. Abattu, il est fait prisonnier par les Allemands. Libéré, il part en Pologne comme espion de l’armée américaine et monte une escadrille de volontaires US pour aider les Polonais contre les Russes. Il hante les salons de Varsovie, tombe amoureux et, abattu cette fois par les Russes, il dissimule son statut d’officier. Il s’évade et revient en Pologne. De retour aux USA, il s’embarque sur une goélette vers les Salomon et les îles des coupeurs de tête. L’Éthiopie ensuite, la Mer Rouge et l’Italie où le bateau prend feu. Il repart avec films et caméras pour des reportages en Europe et au Moyen Orient. L’Asie ensuite dans des régions inexplorées et tourne Chang. Et à New York il a la vision d’un signe géant qui monte en haut de l’Empire State Building.

King Kong va voir le jour et Silloray détaille la construction du film, des décors et des trucages d’un chef d’œuvre du cinéma. La Panam, compagnie aérienne naissante, la RKO pour le cinéma, John Ford, Autant en emporte le vent, Cooper en sera. Comme de l’escadrille des Tigres Volants avec Chennault contre les Japonais. Et retour au cinéma. Cooper aura eu une vie où seul son attachement au maccarthysme sera discutable. Au moment de s’éteindre, il confiera à sa femme que la mort sera sa nouvelle aventure. Homme de courage, de foi et de génie, Cooper méritait bien cet hommage parfaitement cadré, comme d’habitude par l’écrit et le dessin de Florent Silloray qui a le chic pour le choix judicieux de ses personnages.

Cooper, Un guerrier à Hollywood, Casterman, 18 €

Cooper

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