Un vieil ami ce Canardo, un copain de route depuis des années. Pour ce 25e album, le privé au grand bec et aux beaux yeux cernés va faire dans le contre-terrorisme et la révolution de palais. Un Con en hiver, c’est une sorte d’apothéose pour Canardo qui va sortir de sa cellule aux ordres de la farouche duchesse de Belgambourg qui a des soucis de famille. Benoît et Hugo Sokal au scénario ont le ton de Michel Audiard qui aurait adopté Frédéric Dard, les Tontons Flingueurs en vadrouille avec San Antonio. La duchesse elle a du Bérurier dans l’attitude et les rondeurs. On se délecte des dialogues, on rit, on s’esclaffe, on s’esbaudit, on se délecte, et le Canardo il y va de la formule et du flingue. Quant à la duchesse elle se fait révolutionner à distance mais elle a du répondant la brave dame. Pascal Regnauld est au dessin.
C’est en prison où elle l’a fourrée le Canardo qu’elle vient le chercher la duchesse, une grosse saloperie qu’il hait profondément. Il a porté le chapeau le détective à cause d’elle, un régicide pas moins, mais cette fois la dondon a besoin de lui. Elle le fait sortir de son pigeonnier à barreaux à condition qu’il l’aide à retrouver son père. Il aurait été enlevé par des djihadistes le vieux. Rançon à la clé, 15 millions d’euros ou le pépé, le duc Léon, on le retourne en morceaux par la poste. Direction les Ardennes françaises, profondes et malfamées où le vieillard a un petit manoir, son jardin secret. La duchesse et Canardo ne savent pas que les services secrets wallons ont mis leur nez dans l’affaire. Pour l’heure le couple improbable va visiter la propriété qui serait à la vente selon Monsieur Dutrout, agent immobilier mais occupé par de gentils et frénétiques boy-scouts qui ont des tentes certes mais aussi un studio vidéo et une passion pour le combat au corps à corps, voire les explosifs. Leur objectif, faire sauter le château de Godefroid de Bouillon premier croisé . Et où il est passé le vieillard royal ? Fringant et atteint du syndrome de Stockholm.
Du grand art, de l’action et des mots, du cadavre au menu, Sokal s’en donne à cœur joie. Elle ne fait pas dans le détail la duchesse mais elle tombe sur un os, un gauchiste révolutionnaire qui va « républicaniser » son duché sous prétexte que 15 millions c’est pas donné. Il a un discours le malfaisant social que l’on pourrait mettre dans la bouche de quelques ténors actuels. Quant aux terroristes ils passent aux profits et pertes. Les bastos ne sont pas perdues pour tout le monde. Canardo compte les points mais, on se rassure, ce Con en hiver c’est pas Verneuil. Il y aura une suite. Elle va pas se laisser faire la duchesse de Belgambourg accueillie par la Wallonie et Canardo lui filera sûrement un coup de main pour retrouver son trône. Il faut lire ce Canardo simplement, sans tomber dans des débats inutiles.
Canardo, Tome 25, Un con en hiver, Casterman, 11,50 €
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