Une privée au petit bonheur la chance, une Anglaise un brin bougon mais qui a du coeur au ventre sans pour autant se lancer dans des tirades inutiles, Maggy Garrisson est sûrement la créature réaliste la plus accomplie et séduisante de l’univers de Lewis Trondheim. Elle fait dans le besogneux Maggy et ses affaires sont du domaine du quotidien, de l’arnaque ordinaire même si en arrière plan il y a du lourd et du mortel. Stéphane Oiry lui a donné un visage, un look un peu pataud qui lui va à merveille dans un Londres et banlieue tristounet à souhait.
Quand on a un copain un peu limite côté légal, on ne s’étonne pas qu’il vous offre un 9mm. Surtout quand on sait qui il y a des malfaisants qui aimeraient vous faire la peau. Comme il faut aussi vivre, Maggy aide un privé de ses conseils. Un croque-mort se paye sur la bête en raflant les dents en or de ses clients après crémation. Maggy va avoir la méthode pour le coincer. Idem pour une librairie où tous les jours un billet de dix livres se fait la malle. Les flics s’intéressent de près à son chéri surtout quand il se sert du 9mm pour se défendre mais qui a aussi servi à commettre un meurtre autrefois. Et puis il y a un album photo mystérieux qui intrigue Maggy. Elle a donc du pain sur la planche Maggy mais elle va faire face.
Avec son air de pas y toucher, la réplique cinglante et le sourire pincé, Maggy est un personnage atypique qui mène sa barque depuis trois albums avec volonté et un flegme so british. Lewis Trondheim en a fait un vrai modèle du genre dans une ambiance à voir des corbeaux partout. Du noir bien distillé, dans la lignée du cinéma britannique des années Hitchcock ou quatre-vingt. On s’y attache à Maggy, on l’attend au tournant mais elle est implacable, talentueuse. Et souvent sentimentale. Du vrai Trondheim finalement.
Maggy Garrisson, T3 Je ne voulais pas que ça finisse comme ça, Dupuis, 14,50 €
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