Cela a été un traumatisme national et physique pour le joueur Patrick Battiston. A Séville en 1982, la France se fait éliminer de la Coupe du Monde par l’Allemagne à cause de son goal Harald Schumacher qui se prend pour un panzer. Mais rien n’est simple en foot. Il pourrait bien y avoir une secret caché, dissimulé dans ce qui a été l’affaire du siècle, le hold-up du Mondial tout juste rattrapé par un certain soir de 1998. C’est un type presque normal, Didier, un passionné qui met l’œil là où il ne faut pas et réussit à convaincre son copain Fred, journaliste à l’Équipe qu’ils ont un scoop. Sauf qu’il faut aller interviewer les héros de l’époque qui en ont un peu marre qu’on leur ressasse le sujet. Didier Tronchet que l’on ne savait pas si footeux est au scénario pour le dessin de Jérôme Jouvray, les couleurs de Anne-Claire Thibaut-Jouvray. Une enquête sur fond de ballon rond et d’obsession finalement très française.
Fred et Didier joue dans une équipe de vétérans. Didier vient à tous les matches où joue son fils Antoine et se prend pour l’entraineur. Il ne supporte pas qu’on lui dise comme sa femme que ce n’est que du foot. Il faudrait qu’il lâche un peu son fils. Mais il est obsédé par Séville en 1982. Faut dire qu’à l’époque on a vécu le drame, pire que la débâcle de 40 et les acteurs étaient les mêmes. Un soir, alors qu’il refait le match une fois de plus, une évidence lui saute aux yeux. Mais bon sang, c’est bien sûr. Reste plus qu’à expliquer à Fred à l’Équipe qu’ils ont un scoop sur ce qui a été la vraie cause de l’échec de 82.
Bon, comme on est sympa, on ne va rien dire de plus. Vont passer dans les pages Battiston, Schumacher, Hidalgo, Platini, et de loin Maradona. Les deux amis partent à la pêche aux témoignages mais les années ont coulé. Il y croit Didier et n’est pas loin de foutre sa vie en l’air pour une passion qui n’est qu’une manifestation de son mal être. Tronchet fait dans le subtil, avance ses pions, décrit un environnement psychologique où le foot est la roue de secours, un exutoire tout en apportant des infos intéressantes sur le sport. Nationalisme qui pue, chauvinisme, pas de match amical, on gagne ou on meurt. Pour Didier il y a une vengeance à accomplir dans tout ça. On le suit à la trace et on se prend de sympathie pour lui qui va enfin affronter ses fantômes. Un album intelligent dont Jouvray signe un dessin très vivant.
Les Fantômes de Séville, Glénat, 22 €
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