On sait depuis l’excellent Un Général, des généraux au Lombard par Boucq et Juncker comment De Gaulle est revenu en 1958 au pouvoir. Son « Je vous ai compris » a été en fait pris par les uns comme une promesse de garder l’Algérie à la France, une fidélité à l’armée, par d’autres pour une future indépendance ou au moins de se tirer d’un guêpier ingérable. Ce qui fut la cas en 1962 avec les accords d’Évian après un putsch militaire en 1961 qui échoua. Restez alors pour des irréductibles à assassiner le Grand Charles ou Grande Zorah, son surnom, ou au moins d’essayer. Tuez De Gaulle était devenu un leitmotiv en particulier au sein de l’O.A.S, organisation de l’armée secrète à base d’anciens militaires ou d’extrémistes de droite qui avaient participé au putsch.
Tout est parti d’Algérie, attentats dont certains en métropole, meurtres, et bien sûr De Gaulle dans le viseur avec l’attentat du Petit Clamart le 22 août 1962, échec et pour cause, mais qui sera le dernier acte d’un complot qui avait commencé bien avant. Simon Treins a signé le scénario sur des bases authentiques mais qui aurait mérité un cahier final plus explicatif. Rien à dire pour le dessin de Munch (Insiders saison 2) réaliste et clair, au trait expressif sans surcharge, un peu moderne cependant pour certains personnages. Scarlett a maîtrisé les couleurs « d’époque ». Un retour vers un passé largement oublié mais qui méritait ce retour en arrière.
Juin 1961, Kennedy est à Paris. De Gaulle s’inquiète pour lui car il craint qu’on attente à sa vie. Kennedy lui répond qu’il est lui aussi une cible. Le commissaire Marques fait partie de sa protection. Un certain Kosta demande à le voir. Il y a trois ans que De Gaulle est revenu aux affaires. A cette époque Marques est sur les traces d’un général Chassin qui rassemble des éléments douteux dont un colonel Blanche. Mais l’affaire tourne court. De Gaulle s’est servi de l’armée qui n’a pas apprécié. A Alger, Blanche manifeste en 58. Marques est pied-noir. Kosta est lui un espion que connait Marques depuis 1959 et le discours de De Gaulle sur l’intégration, l’autodétermination. En clair indépendance et les pieds-noirs à la mer. En 1961 le oui l’emporte et le putsch a lieu à Alger. Échec total, Salan n’arrive pas à mobiliser l’armée dont les appelés. Le 1er REP dépose les armes. L’O.A.S. va prendre le relais et De Gaulle sera la cible prioritaire.
Une excellente montée en puissance très bien cadrée qui s’appuie sur l’histoire dans le moindre détail tout en gardant une part de romanesque. On retrouve les barons du gaullisme, Debré, Foccart. Marques est le fil rouge qui mènera au Petit Clamart et à Degueldre, Bastien-Thiry. Un polar historique en fait dans l’air du temps. Tout se met en place avec l’attentat moins connu de Pont-sur-Seine à la bombe. Il y a eu au moins cinq projets ou attentats pour tuer De Gaulle. Il a eu beaucoup de chance en fait.
Tuez De Gaulle, Tome 1, Delcourt, 14,95 €
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