Patrick Jusseaume est toujours dans les sillons maritimes de Tramp, sa série (Dargaud), dont Jean-Charles Kraehn signe le scénario. Il entame le onzième album, un one-shot, et a déjà dessiné une douzaine de planches. Le moment de faire avec Patrick Jusseaume le point sur ces aventures mouvementées et riches en rebondissements. Par J-L. TRUC
Patrick Jusseaume, quel sera le titre de ce nouvel album ?
P.J. : Avis de Tempête. On est parti avec Jean-Charles sur les traces du célèbre Henry de Montfreid et de Rimbaud. Calec, le héros de Tramp, va naviguer en Mer Rouge et dans l’Océan Indien.
Pourquoi Avis de Tempête ?
Parce que l’album commence par une grosse tempête. Une caisse à bord du bateau, le Pierrick, se désarrime dans la cale et l’équipage s’aperçoit qu’elle est remplie d’armes alors qu’elle devrait être pleine de conserves. Bien sûr Calec n’est au courant de rien.
Donc un suspense qui se déroule exclusivement à bord ?
Pas du tout. Le cargo croise au large de Djibouti où il va faire escale. Il y en aura d’autres dans l’album.
Une sorte de version moderne du Crabe aux Pinces d’Or ?
(Rires) Pas vraiment. Calec n’est pas Haddock. Et ce sont des armes, pas de l’opium. Il y a un passager à bord du cargo. On est dans les années cinquante, après la fin de l’Indochine française. Il y a toujours eu des trafics dans l’Océan Indien, hier comme aujourd’hui. En plus Calec a sa femme et sa fille avec lui.
Vous êtes attaché à Calec ?
Bien sûr. Nous vivons ensemble depuis 1993 année de la sortie du premier album de la série Tramp. J’ai l’impression de mieux le connaître qu’au début. Il n’a plus de secrets pour moi. Rien ne m’étonne de lui. Je sens comment il va réagir et cela m’aide pour le dessiner. Calec est devenu plus mature. On connaît son passé et son père découvert dans le cycle précédent qui se passe en Indochine. C’est mon compagnon de route. Je suis tous les jours avec lui. Calec a vieilli. Cela c’est fait de façon plus ou moins consciente mais comme sa fille a dans les six ans, il fallait une cohérence.
Calec va devoir découvrir qui a mis ces armes à bord et pourquoi ?
Tout à fait. Mais vous n’en saurez pas plus. Cet album sera un one-shot de 50 pages. Kraehn a bientôt fini le scénario. Il m’envoie une dizaine de pages à la fois. C’est bien au final d’avoir la totalité du scénario car cela me permet d’anticiper visuellement et graphiquement sur les expressions des personnages.
Comment travaillez-vous ?
Je pars d’un story-board très élaboré et de croquis préparatoires. Je fais une photocopie en A3. Sur un calque je recopie et je peaufine le trait sur un papier très fin et sur table lumineuse. Pas d’encrage et je passe à la couleur.
Comment arrive-t-on à restituer l’ambiance d’un cargo ?
Simplement en ayant eu la chance de naviguer, d’embarquer sur des bâtiments de la Marine Nationale. Cela m’a beaucoup aidé. Vous parlez d’ambiance mais celle d’un équipage en particulier la nuit est fantastique. Tramp, c’est pour moi une longue histoire de navigation.
Quel genre aimeriez-vous dessiner ?
J’aurais adoré le fantastique et la science-fiction. Je me serais éclaté. J’aurai été plus libre. Vous faites un type avec des grands pieds, ça passe. Comme avec Moebius. C’est un genre qui laisse libre court à l’imagination. On n’est pas prisonnier d’une documentation. Regardez les mondes de Léo, sa faune, sa flore. J’aime beaucoup.
Vos modèles ?
Pratt, Giardino et ses ambiances arts-décos mais aussi et surtout Prado.
Hormis Avis de Tempête quelle est l’actualité de Patrick Jusseaume ?
Une exposition à Rochefort inaugurée en mars avec Bourgeon, Pellerin, Sorel, Andriveau et des œuvres du regretté Le Floc’h. l’affiche du festival de Vigneux sur Seine près de Paris dont je suis président et le festival de Fabrègues près de Montpellier en septembre. Mais Tramp reste ma priorité.
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