C’est un contre-héros Elijah Stern, un croque-mort à la tête pleine de fantômes qui depuis trois albums nous balade dans un Ouest pourri où la mort est une compagne de route fidèle. Cette fois il va faire un tour à la Nouvelle-Orléans toujours pour y faire des tombes, enterrer des cadavres, Vaudou ou pas. Sauf qu’en plus, avec son air de faible d’esprit, il est parfait pour aller mettre ses grandes oreilles là où il ne faut pas. Sur commande. Comme il est futé Stern il pourrait bien virer privé. Un vrai bonheur que ce retour du si atypique héros des très doués frères Maffre, Frédéric et Julien. Stern, mine de rien, semblant de tout, c’est un sentimental qui ne sourit jamais mais sait jouer la comédie.
Il s’est fait embaucher au cimetière de La Nouvelle-Orléans. Il va travailler avec Murray qui lui explique qu’ici on fait du dur, de la pierre pour éviter que les cercueils se fassent la malle quand le fleuve déborde. Pendant un enterrement, il remarque une jeune femme qui vient souvent, Valentine. Il la défend alors qu’elle est agressée. Issue d’une famille riche, les Robitaille, elle l’invite chez elle et lui propose d’être son consultant pour exhumer le corps de sa grand-mère très bien conservée. Elle adore l’occultisme. Dans la foulée c’est le père de Valentine qui lui demande de veiller sur elle face à un certain Salem peu recommandable gourou qui fait parler les morts.
Un décor urbain toujours aussi captivant que celui de La Nouvelle-Orléans, des spectres, des vampires, des truands italiens, une mafia naissante, un escroc et donc une muse gracile, Stern fait plus cette fois dans le polar que dans le western. Tout est toujours aussi parfaitement agencé, peaufiné, surprenant avec les Maffre. Pas d’esbroufe, mais des surprises, des rebondissements, des ambiances noires, de l’humour, ils ont donné à Stern un petit côté Chaplin, ou Buster Keaton, mais qui au final a un sacré répondant. Un album graphiquement parfait et cette fois théâtral.
Stern, Tome 4, Tout n’est qu’illusion, Dargaud, 15 €
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