Une vie taillée à la serpe, celle de Chronis Missios, un gamin grec de quatorze ans qui passera plus de vingt ans en prison, torturé et poussé à bout pour qu’il abjure le communisme. C’est l’histoire vraie et glaçante racontée dans Toi au moins, tu es mort avant. En 1947, la Grèce est en pleine panique. La guerre civile y fait rage. Après la seconde guerre mondiale les Anglais ont placé la droite dure au pouvoir. Les communistes qui se sont battus dans les maquis sont perdants et pourchassés.
Missios est communiste. Il est arrêté et condamné à mort puis gracié après avoir attendu le matin son nom appelé pour le peloton. Cette vie au bout de l’espoir Chronis Missios l’a racontée dans sa biographie parue en 1985 en Grèce. Sylvain Ricard, Myrto Reiss et Daniel Casanave au dessin ont été pris aux tripes par le destin et le courage d’un homme d’exception. Ils en ont fait une BD de 180 pages qui se lit d’une traite. Pratiquement au jour le jour le combat de Missios se découvre dans les planches.
Plus qu’un cas individuel c’est une Grèce méconnue que l’on appréhende. La Grèce aurait-elle pu avoir une issue à la yougoslave ? Car Chronis Missios a replacé son destin, sa vie de souffrance dans le contexte historique de la Grèce de l’époque. Communiste ou droite, la bêtise et la dictature de la pensée est commune, destructrice. On sort abasourdi et inquiet devant ce que peut être la folie du pouvoir et des extrêmes. Et l’indifférence collective.
Toi au moins, tu es mort avant, Futuropolis, 24 €
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