Une rencontre d’exception au Livre de Paris avec Gaétan Nocq et Alexandre Tikhomiroff dont il a adapté le récit autobiographique dans Soleil brûlant en Algérie (La Boîte à bulles). Appelé comme la plupart des jeunes Français pour participer à ce l’on nommait les évènements, en 1956 Alexandre Tikhomiroff débarque en terre inconnue. Retour sur un témoignage simple et sincère, honnête et bouleversant. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Comment vous êtes vous lancé dans cette aventure, Gaétan Nocq, qui est aussi votre premier album ?
G.N. : Le point de départ est ma collaboration avec le Musée de l’immigration qui présente une collection emblématique de la vie d’un immigré. J’ai rencontré Alexandre Tikhomiroff qui avait donné des objets de son père Russe Blanc et ensuite j’ai découvert son parcours et son récit qui racontait son séjour comme appelé en Algérie. Simplicité, humilité, cela m’a vraiment donné envie d’en faire un roman graphique.
Vous avez voulu, on le voit dans l’album, coller à la réalité, être juste dans les détails ?
G.N : J’ai eu cet objectif. Il fallait scénariser correctement et me documenter sur un territoire et une époque que je ne connaissais pas. Je suis allé au Musée de l’Armée pour leur demander de me donner des précisions sur la façon dont les appelés étaient équipés en 1956 pour être parfaitement conforme. J’avais aussi trouvé de la documentation sur la propagande faite par le 5e bureau de l’armée française à cette époque.
Alexandre Tikhomiroff, quand vous débarquez en Algérie, votre préparation est pour le moins légère ?
A.T. : On a eu une sorte de mise en train très succincte et on s’est retrouvé confronté à une guerre sans le savoir.
Vous avez beaucoup eu à travailler ensemble sur le scénario ?
G.N : Oui, j’ai retravaillé le scénario avec lui et Alexandre me disait que je le remettais dedans alors qu’il avait écrit ce livre pour oublier. Je voulais retranscrire aussi la violence comme celle de ce sergent qui frappe un appelé sans raison.
A.T : Il y avait aussi bien sûr des gens, gradés ou pas, avec lesquels on avait des rapports normaux. J’ai raconté aussi le témoignage de ce soldat qui avait vu une exécution par largage d’un hélicoptère d’un prisonnier.
Comment a été reçu cet album ?
G.N. : Très bien et en particulier de la part des anciens appelés. Ils se sont tus souvent. Il y a un silence mais aussi une vraie fraternité.
A.T. : Des gens sont venus vers moi avec une démarche personnelle de rencontre. Cela m’a touché.
Il y a peu de BD sur la guerre d’Algérie hormis celle de Lax ou sur la présence française en général de Ferrandez ?
G.N. : C’est vrai il y en a eu peu. Mais ce qui m’a touché avec le livre d’Alexandre c’est sa pudeur tout en étant acteur.
Vous avez d’autres projets ?
G.N. : Ce n’est effectivement qu’un projet. Le sujet serait Versailles avec deux scénaristes et l’histoire relance fin XIX du Château grâce à son conservateur.
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