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Interview : Pour Thomas Legrain « les SAS étaient des types hors normes »

Thomas Legrain dessine The Regiment, histoire de la création du Special Air Service britannique en 1941, le SAS, sur un scénario de Vincent Brugeas. Une unité atypique, des commandos qui forment presque une bande de copains ingérables hors de la hiérarchie classique. Legrain en rupture très provisoire de Sisco, a fait évoluer son dessin, son format de travail, apportant à The Regiment (Le Lombard) prévu en trois albums, un souffle épique impressionnant. Un trait percutant, fort et d’un réalisme de chaque instant, capable aussi d’une large émotion, Legrain s’est lâché dans The Regiment. Il en dit plus à ligneclaire.info lors d’un rencontre récente à Bruxelles. A noter que Thomas Legrain sera présent au Festival de Saint-Malo. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

Thomas Legrain à Bruxelles. JLT ®

Thomas Legrain, qui a eu le premier l’idée de The Regiment ?

C’est l’éditeur du Lombard qui a eu l’idée de travailler sur le sujet des SAS. Je connaissais vaguement l’histoire mais j’ai complètement débarqué dans l’aventure. La période de la seconde guerre mondiale m’intéressait mais ce sont surtout les personnages qui composaient le SAS qui étaient importants pour moi, la mentalité très particulière de ce commando atypique.

Votre travail a été compliqué sur un sujet aussi pointu ?

Non car j’avais des amis passionnés d’histoire militaire. Cela a été ma base et je suis historien de formation donc je sais comment trouver une documentation. Il y a eu aussi une recherche en amont mais la difficulté quand on arrive dans ce genre de sujets c’est qu’il faut tout vérifier dans le moindre détail. Ce n’est qu’à la fin du premier tome que j’ai eu l’impression de maîtriser décors, uniformes. Il faut être rigoureux. C’est incontournable. Il faut être professionnel. Il y a un public pointilleux certes mais quand on fait de la BD historique il y a une promesse de rigueur que l’on se doit de tenir.

Vos planches originales cette fois sont plus grandes, le travail est peaufiné, on le voit. The Regiment vous a demandé plus de travail ?

Les planches sont en effet deux fois plus grandes que pour Sisco mais ce n’est pas plus de travail. Faire des décors naturels permet d’être beaucoup plus créatif. Le changement de format, c’était pour assouplir un maximum mon trait et travailler au marqueur pinceau, être un peu moins raide que dans Sisco. Maintenant quand je reviendrai à Sisco je reprendrai peut-être l’ancien format.

Vous avez voulu sortir du cadre, passer à une vitesse supérieure ?

Pour moi dessiner la nature est plus simple que l’urbain. Là j’ai pu me lâcher. Quand je dessine Paris c’est très précis, il faut faire attention aux perspectives. J’ai trouvé des photos du désert libyen, égyptien avec l’avantage d’avoir des univers différents de roches, de sable. Le désert est superbe en teintes, pour les ambiances. La coloriste a fait un travail remarquable.

Les trois personnages principaux sont attachants. Vous les avez un peu magnifiés ?

Il fallait se les réapproprier. Je les ai dessiné à ma manière mais proche de leur vrai physique. Stirling, le créateur du SAS n’était pas un très bel homme. Lewes était pas mal et Paddy était un rugbymen donc il a un physique de fonceur. Je les ai adopté un peu sentimentalement. Ils sont attachants par leurs qualités et même leur défauts. On a déjà intégré ça dans le tome 1 et encore plus dans le tome 2. Leurs défauts vont leur jouer des tours. C’étaient des types hors normes à l’encontre des idées de l’époque. Ils n’avaient pas le choix car l’Angleterre était en péril. Les SAS ont été des précurseurs. Ils sont plus connus pour leur postérité que pour ce qu’ils ont fait pendant la guerre. Il y a un côté aventurier comme avec le LRDG spécialiste du désert qui va les former. Ils vont aller d’échec en échec jusqu’au moment où ils réussissent. Traiter ce sujet m’a vraiment plu. Et Vincent Brugeas m’a permis de m’exprimer en toute liberté.

Après votre engagement dans The Regiment, Sisco reviendra ?

Je suis au tome 2 de The Regiment. Il y en aura trois en tout. Il y a toujours bien sûr Sisco avec un dernier diptyque assez particulier. On va parler de terrorisme avec une partie en Belgique. On va amener le personnage dans des conditions particulières à la recherche de Manon. On reprend l’intrigue du tome 9. On ne sait pas encore pour quand. Cela va dépendre du succès de The Regiment. Si ça marche je ferai les trois albums et Sisco ensuite. Le scénario est prêt.

The Regiment, L’Histoire vraie du SAS, Livre 1, par Thomas Legrain et Vincent Brugeas, 64 pages couleur, Le Lombard, 14,45 €

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