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Une rose seule, décongelée

Un voyage aux sources et initiatique pour une jeune femme qui va avoir tout le poids des traditions séculaires du Japon sur les épaules. Une rose seule pour une chasse aux fantômes bien préparée par un géniteur qui en plus est mort, japonais bien sûr, et qui va balader sa fille au cœur de Kyoto. On est accroché au départ mais peu à peu on se demande si à sa place on n’aurait pas taillé la route. Ce qui aurait été une erreur. Adapté du roman de Muriel Barbery (on lui doit le remarquable L’Élégance du hérisson et son dernier roman est lui aussi japonisant Une Heure de ferveur), Une rose seule est signée par Kan Takahama. Elle a adapté L’Amant de Marguerite Duras. Beaucoup de ferveur, de sensibilité, d’intelligence mais on a du mal à la première lecture malgré le très beau travail graphique de l’auteur au si beau talent à prendre pour soi. Il faut absolument relire une seconde fois cet album pour en savourer toute la sagesse, la tendresse, la finesse et une vision du bonheur élégante qui est bien loin de la nôtre si égoïste et pragmatique.

Elle se réveille à Kyoto, Rose pour son premier séjour au Japon. Elle est là pour aller chez un notaire qui va lui dévoiler le testament de son père décédé, Haru Ueno. Elle ne l’a jamais vu. Elle est seule sans famille avec une vie qui est un succession de fantômes. Un chauffeur l’amène au Silver Pavilion un lieu mythique où elle rencontre une européenne qui la prévient, le Japon est un pays où l’on souffre beaucoup mais où on n’y prend pas garde. Mais si on n’est pas prêt à souffrir on n’est pas prêt à vivre. Un début qui annonce la couleur. Rose a 40 ans et Paul assistant de son père va être son guide, son mentor. Son père était marchand d’art contemporain. Paul vit depuis 20 ans au Japon. Ils ont rendez-vous dans quelques jours chez le notaire mais avant il lui a préparé un parcours. Rose est botaniste. Paul lui confie les regrets de son père et sait qu’elle n’est pas venue seulement parce qu’on le lui a demandé. Un temple au programme où Rose fait sa première découverte avec la réalité japonaise pour laquelle le réel importe peu. Paul lui montre une pièce où son père a collé aux murs des photos prises d’elle en cachette. Il veillait sur elle.

Une partie de ping-pong, en simple, Rose contre Paul qui veut l’amener à retrouver ses origines avec pour arbitre le père décédé. Une leçon très philosophique voire psychanalytique pour Rose qui doit se décongeler. Rencontre programmée pour une Rose qui tire la gueule et un Paul qui joue à Jiminy Criquet. Pas non plus un marrant et mystérieux. Donc on s’émeut, on pleure, enfin elle pleure, et on parle beaucoup avec un retour sur la jeunesse de Rose. Puis on s’associe à cette belle progression sentimentale très riche et pudique.

Une rose seule, Éditions Rue de Sèvres, 22 €

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