C’est un joli nom qui sonne à l’oreille, familier, mythique, sans qu’on sache vraiment en détails pourquoi. Hormis qu’il y a du littéraire dans l’air mais lequel ? Erotique, passionnée, amoureuse, amie et plus encore du couple Miller Arthur et June, Anaïs Nin est la figure de proue d’une époque singulière et méritait cet ouvrage documenté, chaleureux et charmeur que lui consacre Léonie Bischoff. Le dessin est déjà envoûtant, brillant, le personnage l’est encore plus et les textes sonnent comme autant d’exclamations qui scandent la découverte d’une femme d’exception. Mais jusqu’où peut-on se livrer à Anaïs Nin, et elle à ses lecteurs ? Peu importe car il y a le plaisir et la sensualité finalement très intellectuelle d’une femme libre qui le revendique.
Mariée à Hugo Guiler, Anaïs Nin écrit et vit à Paris. Elle regrette New-York, fille d’un Danoise cubaine et d’un Espagnol tout autant cubain. Un mélange atypique qui l’a obligée à inventer son langage. Hugo est banquier mais poète avant tout. Anaïs rédige son journal, son double, danse le flamenco et érotise sa vie, sensuelle dans l’âme. Elle est proche de son cousin Eduardo qui vit mal sa propre sexualité. Anaïs se prépare à publier un essai qui sent le souffre sur D. H. Lawrence. Et il y a le rencontre avec Henry Miller, un coup de foudre physique dont Miller bohème tirera bénéfice. Pour lui Anaïs devient Anis.
Sa vie personnelle sera aussi marquée par ses relations pour le moins décalées avec son propre père. Elle commence à être publiée au début des années 30. Elle signera des œuvres érotiques dont Venus érotica, ses journaux, révèlera ses expériences psychanalytiques, ses amitiés avec des grands noms des Lettres. On pense parfois à Colette. Du talent, belle, libre, Anaïs Nin resplendit, s’impose dans cet album riche et captivant de Léonie Bischoff (Naissance de la Bible).
Anaïs Nin, Sur la mer des mensonges, Casterman, 23,50 €
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