Il était un acteur phare de l’industrie automobile française, internationale avec Renault, Nissan Mitsubishi au Japon. Et c’est au pays du Soleil Levant que va se jouer le destin de Carlos Ghosn. D’origine libanaise ce qui sera un point clé pour la suite et sa fuite dans des conditions dignes d’un James Bond du Japon, Ghosn voit sa vie basculer en 2018 arrêté à Tokyo, inculpé, emprisonné pour divers détournements financiers supposés. Placé en résidence surveillé il s’évade et c’est ce que raconte par le détails Escape Ghosn de Michèle Standjofski (Antonio) et Mohamad Kraytem dessinateur, publié par Marwan Abdo-Hanna éditeur libanais. Une course contre la montre, un Ghosn certes inquiet mais à la force de caractère inaltérable qui permet de comprendre ses succès commerciaux, de restructurations réussies. On est avec lui du début à la fin, un charisme infernal et un roc inébranlable.
29 décembre 2019, Ghosn se concentre seul dans le noir, respire. Si il rate son évasion il parlera japonais jusqu’à la fin de ses jours. Il s’est juré qu’il ne mettrait plus un pied sur le tatami d’une prison japonaise. Dans la malle où il est enfermé, il s’énerve mais il faut qu’il se taise. On l’exfiltre de l’hôtel où il est surveillé. Dans la caisse il y a théoriquement des amplis. Direction l’aéroport. Aux commandes de l’opération Peter Taylor, George Zayek et Michael Taylor ancien Béret Vert qui a une agence militaire privée. Peter est son fils, Zayek le cerveau ancien milicien des Forces Libanaises spécialiste des libérations d’otages. Ghosn serait bien parti par la mer et a planqué un téléphone qui lui permet de mettre en place son évasion de l’hôtel. Le commando s’est réuni à Beyrouth, on y fabrique la caisse magique. Ghosn ira au Grand Hyatt, se change, va prendre le train avec Taylor, angoisse mais un sans-faute. Et c’est parti dans la caisse.
Un thriller en fait cet Escape Ghosn qui a aussi ridiculisé la justice japonaise aux méthodes très particulières, avec une mentalité limite et un juge qui ne reculera jamais. On reprend toute l’affaire, les buts de Ghosn, sa réussite et une personnalité qui ne fait pas l’unanimité, comment il a été lâché. Mais Ghosn c’est l’intelligence et la volonté chevillée au corps. Au passage dans la BD le personnage de Ghosn règle ses comptes avec entre autres Macron. Ses plans ont relancé la production automobile. Certes Carlos Ghosn n’est pas un saint mais pas un mytho. Obama, Poutine, Juan Carlos, Mohammed VI, on en passe, lui ont fait la cour. Tous les chiffres sont sur la table et dans les pages. Ghosn va retrouver sa femme Carole au Liban, chez lui. Ce sera ensuite le bal des faux-culs. Les Taylor seront arrêtés aux USA et extradés au Japon. Des experts de l’ONU ont condamné le Japon pour la façon dont Ghosn avait été traité. Ghosn réclame un milliard de dollars de dommages et intérêts. On peut parier qu’on le reverra sur la scène internationale mais il reste prudent, au cas où on voudrait lui faire faire le même voyage mais dans le sens inverse. Un récit passionnant, très bien articulé.
Escape Ghosn, Samir Éditeur, 20 €
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