Pour une génération La Curée, c’est le film de Vadim avec son épouse de l’époque, Jane Fonda. Une version adaptée de Zola bien sûr, modernisée et érotisée qui marqua l’imaginaire. Le tout porté par le côté sulfureux de Vadim qui signa aussi avec elle Barbarella. Après ce bref retour vers le passé, La Curée c’est désormais l’adaptation faite par Cédric Simon au scénario et Eric Stalner au dessin. Une histoire de famille après Exilium. On retrouve donc l’inquiétant Saccard qui a décidé que Paris était à lui en ce Second Empire où les fortunes se bâtissent entre autre sur les grands travaux d’Haussmann. Plus de morale, argent, sexe, vengeance et volupté, on va se gaver.
1852, la famille d’Aristide Rougon arrive à Paris. Il a une faim de loup. Sa femme et son fils dans un taudis, à lui la liberté d’investir la capitale pour y faire fortune. Son frère, avocat célèbre, se serait passé de sa visite. Il lui demande de changer de nom. De Rougon, Aristide devient Saccard et accepte un emploi modeste mais bien placé à l’Hôtel de ville. Tel une araignée, Aristide tisse sa toile. Il est promu. Il pleut des pièces de vingt francs, l’immobilier va exploser. La santé de sa femme Angèle décline. Elle meurt. Il ne lui reste plus qu’à trouver une nouvelle épouse, riche si possible, ce qui lui permettra de se lancer dans ses projets. C’est chose faite. Il épouse la belle Renée, héritière de biens nombreux. Mais à l’Hôtel de Ville Aristide découvre qu’il a un rival dont il va faire un associé, un complice, Larsonneau. Aristide arrange la faillite de son épouse pour qu’elle lui vende ses immeubles. Haussmann commence ses travaux. Il va falloir acheter, exproprier. Maxime son fils, beau jeune homme, découvre alors la beauté de sa belle-mère pour laquelle il a eu dès l’enfance une grande affection. Renée adore jouer avec le feu.
C’est la vision de Cédric Simon qui est intéressante sans compter évidemment sur la qualité toujours impressionnante du dessin de Stalner. Aristide est un diable au regard grimaçant, exalté, terrifiant, sans pitié. Stalner joue la carte de l’enfer avec ses décors et ambiances. Cadrages, découpages, gros plans, il insiste sur les travers face au côté angélique de la victime potentielle pourtant tout autant désaxée. Maxime est un bellâtre manipulateur et arriviste comme son père. Reste la pauvre Renée, victime désignée d’un drame sans issue, qui n’aura rien compris au film si l’on peut dire du début à la fin. Aristide ne va pas vraiment aimé être trompé par le duo femme-fils. On s’accroche à cette description sauvage et si bien vue d’un monde odieux mais finalement précurseur du nouveau siècle qui arrive. Plus de morale, argent sale, corruption, spéculation, on n’a rien finalement inventé. Eric Stalner et Cédric Simon ont joliment tourné leur Zola.
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