Émile Bravo avec tout le talent qu’on lui connait, sa grande sensibilité a réussi à donner à Spirou une jeunesse vraisemblable, difficile qui se passe en pleine seconde guerre mondiale en Belgique. Spirou l’espoir malgré tout en est à son troisième volet, dramatique, pour un quotidien fait de peurs, de privations mais aussi de courage et de résistance. Émile Bravo a adopté Spirou, jeune adolescent puis adulte, amoureux transi fidèle, capable sans aucune prétention de risquer sa vie pour aider, sauver les autres. Il y a une totale émotion dans les propos d’Émile Bravo, sans chichis, condescendance ou opportunisme. L’horreur est là, presque banalisée car parfois insoupçonnée malgré les otages fusillés. Spirou et Fantasio sont tels qu’en eux-mêmes et en relisant ensuite leurs aventures futures, pas sûr qu’on ne les voir du même œil. Émile Bravo proposera du 27 octobre 2021 au 2 janvier 2022 à Lyon, au Centre d’Histoire de le Résistance et de la Déportation, une exposition, Une enfance sous l’occupation.
1942, Spirou a été raflé avec deux jeunes enfants, Suzanne et Petit Louis, et embarqués dans un train de Juifs déportés en Pologne. Ce n’est que le début des déportations et les conditions permettent encore une possible évasion des wagons de voyageurs. Ce que Spirou décide de faire contre l’avis d’un Juif orthodoxe polonais qui a connu les pogroms mais ne croit pas à une possible extermination. Avec l’aide de Juifs belges et hollandais, il saute du train avec ses protégés et part vers Namur, et s’arrête à la ferme d’Anselme qui se propose de cacher les enfants. Il y a aussi Mieke qui a bien grandi et est devenue résistante, a construit une cache pour les animaux afin que les Allemands ne les volent pas. Spirou raconte ses aventures à Mieke pour qui la lutte doit être armée. Dans les bois ils retrouvent le pistolet d’Edmond qui lui aussi est dans le résistance.
Émile Bravo a construit un récit très élaboré, très riche en petits et grands évènements avec toujours en toile de fond la volonté de Spirou de ne pas tuer mais de résister autrement. Contrairement à Fantasio dont on se doute bien, et pour cause, qu’il est partie prenante d’une résistance très active et armée, prêt à se venger de la perte violente d’un être aimé. On parle de collaboration, de police aux ordres des nazis mais avec encore des complicités en leur sein en faveur de la lutte contre l’envahisseur. Débarquement allié en Afrique du Nord et en Normandie, Stalingrad, la réalité historique s’accélère. Spirou est aussi en première ligne, confronté à la torture et s’engage dans un combat qui pourrait avoir des conséquences dramatique imprévisibles. Un quotidien parfaitement construit avec un vrai soin du détail, le tout fait aussi de ces albums des repères pour témoigner d’une époque qu’il ne faut pas oublier.
Spirou, L’espoir malgré tout, Tome 3, Dupuis, 17,50 €
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