Rei Sen Pacifique, les pilotes japonais et leurs vérités

Une BD aéro, donc on s’empare car en plus c’est Olivier Speltens après Afrikakorps qui la signe en totalité (il nous l’avait annoncé il y a deux ans et envoyé de très beaux clichés préparatoires pour l’interview) mais aussi, pour une fois on ne va pas voler sous cocarde US ou anglaise pendant la seconde guerre mondiale. Rei Sen Pacifique envoie les couleurs de l’Empire du Soleil Levant et des pilotes japonais aux commandes de leurs Zero avec leurs origines, leurs états d’âmes, la puissance mortelle d’une hiérarchie et du sacrifice total pour l’empereur. Questions de culture et de civilisation (fini les faces de citron de Charlier et Hubinon à la fin des années 40 dans Buck Danny) décortiquées par Speltens qui a ajouté au premier tome de cette trilogie une préface qui replace les choses dans leur contexte historique et en fin une galerie impressionnante d’avions japonais, des croquis plus une carte indispensable du théâtre asiatique des opérations. (A lire en manga Pilote sacrifié).

Avril 1942, Daisuke Tanaka, pilote embarqué sur porte-avions ne se qualifie pas comme un guerrier. Un hasard qui l’a transformé en pilote de chasse après Pearl Harbor. Il est maintenant dans le Pacifique Sud, la Nouvelle-Guinée où on pense que le Japon va vite gagner la guerre sauf les pilotes qui connaissent les USA et savent que leurs ressources dépassent largement les leurs. Il retrouve sur place un ami d’enfance Kenji qui s’est déjà battu aux Philippines. Baraquements sommaires et un capitaine exigeant qui sait que l’ennemi est courageux même si leurs avions sont inférieurs (lire Mitsubishi Zéro). Pas question de ne pas abattre l’adversaire. Pour sa première mission de combat Daisuke est l’ailier d’un vétéran et c’est Port Moresby l’objectif protégé par les Airacobra P-39 surpris. Pour riposter, des bombardiers US composés de B-26 et de B-17 lâchent leurs bombes sur leur terrain. Retour de la confiance chez les Américains.

Escorte en vol, une vie où la routine est quotidienne, où Daisuke va voir la mort de près, comprendre que les avions sont pilotés par des êtres humains. Question entre les aviateurs nippons, sur la stratégie, sur la vérité des informations. Les pilotes seront obligés d’avoir un parachute et de sauter de leur avion si ils sont touchés. Finis les Kamikazes avant l’heure et vives réactions de certains pour qui c’est un déshonneur. Une excellente description sans emphase, ne parlons pas du dessin parfait très précis avec son lot de violence et de non respect volontaire de l’ennemi. La documentation est parfaite. Ce premier tome est sans reproche en tout point.

Rei Sen Pacifique, Tome 1, Éditions Paquet, 14,50 €