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Dirty Rose, humaine et pas gâtée par la vie

Un polar, un road movie dans les vastes plaines de l’Ouest peuplées de laissés pour compte qui ont tous des cadavres dans le placard mais sont bien obligés de cohabiter, flics compris. Dirty Rose ce sont avant tout deux personnages, un policier qui vient d’arriver dans le patelin et la reine des lieux à la réputation sulfureuse. Marzena Sowa (Marzi) au scénario et Benoît Blary au dessin mènent la danse de cette Dirty Rose qui existe vraiment. La scénariste l’a rencontrée dans le Wyoming alors qu’elle était en résidence d’artiste à Sheridan. Elle a romancé en partie son histoire qui a du punch.

Un désert, une bicoque paumée, Tom est appelé par Edith, une flic comme lui, épouse du shérif, dans le patelin où il vient d’être muté. Première mission aller chez une femme « un peu spéciale » qui garde illégalement des chèvres chez elle à l’intérieur. Il faut qu’elle les relâche. Au poste de police on se demande comment le nouveau va s’en sortir, un sorte de test chez la très connue Madame Shaw. Arrivé chez elle, Tom se heurte à un chien de garde, lui crie de relâcher les chèvres et repart au poste. Où il est reçu par Edith qui lui dit que Rose Shaw est une tique malfaisante. Tous pensent que la fiancée de Tom va arriver mais ils ont rompu. Mais il faut retourner chez Rose car une association se plaint pour les chèvres. Edith pénètre chez elle, les voisins surveillent. Edith sort. Rose n’a qu’une chèvre blessée qu’elle soigne. Une pièce de plus au dossier de Rose qui va être expropriée. Elle a une fille Jean et un fils John qui a disparu.

On monte doucement en puissance pour que le décor soit bien planté et qu’inévitablement Tom et Rose se rencontrent. La vie de l’Amérique profonde avec ses dérapages consentis, ses secrets, ses coyotes. Rose est un vrai caractère au charme certain, un peu déjanté et Tom bien que jeune finalement une proie pour elle. Mais rien ne va tourner comme prévu. Il va faire son deuil de sa fiancée et sera la cible car très humain de toutes les langues de serpents à sonnette du coin. Pas loin d’Eastwood, Tarantino, les frères Coen avec Fargo, très détaillé, aux pistes multiples dont une qui met en cause les origines de la fille de Rose. Bien écrit et dessin parfaitement dans le ton western contemporain.

Dirty Rose, Éditions Delcourt, 17,95 €

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