Dans le tome 56 de ses aventures aux côtés de Fantasio, La Mort de Spirou est annoncée. Et l’équipe aux manettes si l’on peut dire de cette série iconique renouvelée. Finis Vehlmann et Yoann, on l’a dit, qui se consacrent désormais à leur SuperGroom. On a rebattu les cartes chez Dupuis avec Stéphane Beaujean directeur éditorial en première ligne. Arrivent au générique Sophie Guerrive, Benjamin Abitan au scénario, Olivier Schwartz au dessin pour un épisode en deux tomes. Et ensuite poursuivre la série. Sophie Guerrive s’est confiée à Ligne Claire dans le cadre d’un article pour Zoo le Mag. Un Spirou qui ne renie pas ses classiques s’ouvre entre autres à des arômes plus épicés dont la SF. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Sophie Guerrive, comment-êtes-vous arrivée dans cette aventure dans laquelle La Mort de Spirou est annoncée ?
C’est Stéphane Beaujean de Dupuis qui m’a contactée. Il suivait ce que je faisais depuis un certain temps. Il préparait son équipe pour La Mort de Spirou et mon nom est arrivée. On est deux scénaristes car son idée était de faire un vrai travail d’équipe, pas d’auteur, comme dans un studio, de se compléter. Benjamin Abitan et moi on a des qualités différentes tout en ayant des façons d’écrire assez proches. Benjamin connait Spirou par cœur et il aime tout ce qui est SF, ce qui est intéressant pour Spirou.
La Mort de Spirou pour quelqu’un qui a grandi avec lui, a lu tant de fois Les Hommes Bulles ou Le Repère de la murène, est un épisode à la fois assez classique et novateur.
C’était le but tout en essayant d’embrayer sur la série mère, les albums existants. Le choix du thème c’est nous en tâtonnant. J’avais envie d’avoir de belles images donc je trouvais marrant qu’Olivier Schwartz se frotte à un univers sous-marin ce qu’il n’a pas fait souvent. On fait du brainstorming et voilà.
En ramenant de nos jours l’univers des Hommes Bulles ce qui est dans la ligne. Travailler à deux, l’éditeur vous avait donné des pistes précises au départ ?
L’éditeur oui nous avait demandé par exemple d’inclure les 100 ans de Dupuis et un certain nombre d’éléments. Il y avait un cahier des charges pour la série mère. Stéphane Beaujean est presque le troisième scénariste, il a été très présent. Je suis à Marseille et avec le COVID on a tout fait en ligne. Il s’est impliqué énormément car la frontière entre classicisme et nouveauté était mince. On commence par discuter jusqu’à ce qu’on trouve un synopsis commun. On écrit les dialogues à tour de rôle, on les passe à l’autre. On les peaufine et Stéphane peut faire partie du brainstorming. Et faire des commentaires. C’était bien car il voulait raccorder avec ce qui avait déjà paru.
Classique avec Champignac, un champignon qui aide bien dans l’aventure, Korallion et la fille d’Oups, Zorglub, il y a après une partie plus moderne.
On a mélangé les univers avec Benjamin et moi des détails plus graphiques.
Il y a aussi et pour cause le dessinateur Schwartz qui connait bien Spirou pour avoir travaillé sur des titres avec Yann. Le fait que ce ne soit pas Yann au scénario ?
Je ne peux pas répondre mais je crois que Stéphane voulait renouveler l’équipe pour la série mère. On était un peu au point mort, et le travail de Schwartz est remarquable.
Tout à fait. C’est un défi de reprendre Spirou et en plus pour sa mort, hypothétique.
Oui. L’idée était de partir sur un sujet fort car on arrivait comme un cheveu sur la soupe pour relancer une série énorme. Il fallait quelque chose d’accrocheur.
Avec un avenir pour vous dans la continuité après cette mort provisoire au moins dans le titre ?
A priori pourquoi pas si cela fonctionne comme ça avec cette équipe reconstituée.
Vous me disiez que c’est une série que vous connaissiez peu ? Vous avec tout lu ou relu ?
En fait je la connaissais enfant, lue dans le désordre à la bibliothèque. J’ai replongé dedans mais je me suis appuyé sur Benjamin. On a pris un peu de temps pour se mettre en place avec Schwartz car ce n’était pas évident d’écrire un scénario à plusieurs et il y avait une certaine pression. Stéphane a beaucoup participé, dirigé. Sans lui cela aurait été différent.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ? Que ce soit une série culte ?
Ce n’est pas mon univers et pour être honnête quand Stéphane m’a appelée j’ai dit que j’allais voir, cela me semblait un peu incongru. Et puis pourquoi pas ? J’étais surprise et pas sûre d’être la bonne personne. Je pensais qu’il allait s’en rendre compte et bien non. On s’est bien entendu.
Le résultat était là, positif. L’album est classique mais fonctionne. L’environnement a évolué tout en étant le même sans que pour autant on ait la clé du mystère. On a suivi la prépublication dans Spirou.
Fin août on saura tout. Enfin presque car c’est un diptyque La Mort de Spirou, deux albums, il faudra quand même attendre. Il y a A suivre à la fin des 66 pages du premier. On écrit le second. Ensuite ce serait des one-shot ce que j’aime bien d’autant qu’Olivier a un superbe dessin mais qui prend du temps. Donc pas possible de faire comme prévu un album par an. Au départ Schwartz avait refusé puis accepté. On sera sur un album tous les deux ans plutôt.
Qu’est-ce que vous avez tenu à apporter dans ce Spirou ? La murène qui communique, pas de Héléna au programme ? Les limules ce sont celles d’Adèle Blanc-Sec ? L’album est atypique.
Difficile de répondre car c’est un travail en commun. On a retravaillé le tout. Les limules oui c’est vrai je les adore et Tardi aussi, donc c’est un clin d’œil. Je continue aussi des projets à côté. Il y a un projet de reprise d’un grand classique Dupuis qui à priori ne se fera pas. Dommage.
Vous avez de l’affection pour Spirou ?
Il faut encore que je travaille ces personnages. Je n’ai pas fini de les apprivoiser. C’est une belle aventure de toute façon.
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