Festivals

Rémunérer les auteurs en dédicaces, le SoBD se lance dès son édition 2019 du 6 au 8 décembre

C’est une petite révolution, une évolution des mentalités. Pour la première fois un salon BD reconnu annonce qu’il va rétribuer les auteurs en dédicaces. Un serpent de mer qui devient une réalité courageuse. Le SoBD, salon de la bande dessinée au cœur de Paris, Halle des Blancs Manteaux dans le IVe, ouvrira ses portes les 6, 7 et 8 décembre 2019 prochain. À cette occasion, comme l’a annoncé Renaud Chavanne, cofondateur et responsable de la manifestation, un système de rémunération des auteurs en dédicace est mis en place.

Ce système profitera, dès cette édition 2019 du SoBD, à une cinquantaine d’auteurs qui signeront sur les tables d’une douzaine d’éditeurs. « Les auteurs font venir du public sur les salons et festivals », explique Renaud Chavanne, « et ils font aussi bien sûr vendre des livres. Il nous semblait donc légitime de nous pencher sur une rémunération, d’autant que leur situation économique n’est pas facile pour eux depuis déjà quelques temps. » Renaud Chavanne est allé plus loin avec ligneclaire.info qui l’a interrogé : « Il fallait une somme supportable. Nous avons cherché à nous rapprocher des fédérations d’auteurs ou d’éditeurs, afin de trouver une solution, mais sans arriver à avoir d’interlocuteurs. Nous avons donc pris le taureau par les cornes et proposé directement aux éditeurs présents sur le SoBD une solution raisonnable et opérationnelle. Et l’accueil a été très positif et enthousiaste. » A noter que les éditeurs présents ne sont pas parmi les grands de la profession, Dargaud ou autre Glénat, Delcourt. « Si ils avaient été là, nous leur aurions proposé la même chose », ajoute Renaud Chavanne.

Le volontariat

Marc-Antoine Mathieu en 2018. Photo Suzy Lagrange – SoBD ®

Le principe de rémunération mis en place repose sur la participation de plusieurs acteurs, fondée sur le principe du volontariat : le SoBD 2019 prend en charge une partie de la rémunération de l’auteur, à la condition que l’éditeur en assume une autre partie, égale. Le montant de la part apportée par chacune des parties est de 30 €, soit un total de 60 €, ceci pour une séance de signature de 2 à 3 heures sur un jour. Le niveau de rémunération de l’auteur est donc d’environ deux fois le SMIC. « Nous espérons que ce montant pourra être abondé d’une troisième partie, de 30 € également, qui pourrait être pris en charge par le CNL, par les sociétés d’auteurs ou par tout autre institution concernée » poursuit Renaud Chavanne. Des contacts, notamment avec le CNL, ont été pris mais qui sont restés sans écho à ce jour. En cas de participation d’une institution au mécanisme de rémunération, celle-ci atteindrait 90 € pour une séance de signature. Reste que ce premier pas sera un plus, au moins symbolique et fort moralement pour beaucoup d’auteurs qui ont de plus en plus de mal à vivre de leur art. On sait aussi que la dédicace payée par le demandeur est sur la sellette, plus compliquée à mettre en œuvre. Mais elle fait partie de l’équation pour Renaud Chavanne. Reste enfin les chasseurs de dédicace qui noyautent les festivals, arrivent avec leurs albums mais « c’est une question de volonté et d’organisation de l’espace » pour l’organisateur du SoBD.

Des halles pleines de bulles en 2018. Photo Suzy Lagrange – SoBD ®

Facilement applicable

Franck Margerin en 2018. Photo Suzy Lagrange – SoBD ®

Ce système peut aisément être répliqué sur les très nombreux événements de bande dessinée qui participent à la vivacité du milieu de la bande dessinée en France. « Un petit festival qui accueille 10 ou 20 auteurs pourra trouver 300 ou 600 € pour les rémunérer, dans la mesure où les éditeurs participent à la démarche. Certes l’équation n’est pas aisée, et c’est une charge de plus, y compris pour nous-même sur le SoBD. Mais elle est légitime, supportable et a une justification économique, puisque les signatures soutiennent les ventes, la notoriété des livres et la fréquentation des événements. »

Un rappel cependant. Le principe du volontariat reste toutefois nécessaire, sachant que certains éditeurs disposent déjà de méthodes alternatives de rémunération des auteurs, notamment via des droits d’auteurs supérieurs versés sur les volumes vendus lors des signatures. En 2018, le SoBD a consacré 17% de son budget global à la rémunération et au défraiement des auteurs et artistes présents sur l’événement. Un ratio qui s’élève même à 23,4% hors valorisation des contributions en nature. Une concertation avec les éditeurs sera menée pendant le SoBD, afin d’évaluer le dispositif, et une enquête sera effectuée auprès des auteurs afin de compléter cette évaluation. Sans oublier d’informer le public.

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