Le tableau final, la conclusion (provisoire ?) d’une série incontournable, de la saga romanesque sur fond de grande Histoire du XXe siècle que l’on doit à l’un des plus doués auteurs actuels du 9e Art, Jean-Pierre Gibrat. Mattéo est revenu en terre catalane d’où il est maintenant parti depuis 1914. Gibrat, lui, a lancé ses aventures en 2008 pour la première époque. On est à la sixième qui va du 2 septembre 1939 à juin 40. Une épopée d’une guerre à l’autre, de la grande à la drôle comme on a dit mais pas vraiment, sans oublier celle d’Espagne, la révolution russe. Il y a deux femmes aussi pour repères, un fils et un destin qui se boucle, ou pas, au moment même où la France est envahie, et certains vont résister à Londres. Jean-Pierre Gibrat avait évoqué avec Ligne Claire des pistes pour la suite de ses publications dont une indochinoise. Il revient en dédicace à Montpellier le 15 novembre 2022 chez Azimuts et on en reparlera bien sûr. A noter qu’il fête cette année ses 50 ans de dessin et on n’oublie pas Le Sursis ni le Vol du corbeau autres grands moments de l’œuvre de Gibrat.
Débâcle à Barcelone, Mattéo doit fuir et c’est la barque de son père cachée qui lui sauve la mise. Un navire de guerre français l’a recueilli sous un faux nom. Il a toujours une ardoise avec la justice. Début 1939 il est de retour à Collioure. Et se retrouve en prison avec d’autres Républicains qui ont fuit l’Espagne. La France a reconnu Franco. Un capitaine de gendarmerie va lui sauver la mise et le laisse s’évader. C’est l’oncle de Robert l’ami de Mattéo qui a été tué. Un pause chez Paulin qui est avec Jeanne, une planque pendant que la Pologne est envahie par l’Allemagne. Juliette travaille toujours à la Poste et Mattéo va la voir. Histoires de lettres et celle du fils Louis brillant dont Mattéo est le père même si Juliette évacue le sujet. Amélie est à Londres après avoir été sur le front d’Aragon. Il y a aussi la mère de Mattéo fatiguée qui va mourir. Va bien falloir trouver un moyen pour survivre.
Pas de doute, on sens bien que désormais le problème de Mattéo c’est son fils qui en prime va aller au front en cet été 39. Qui va être fait prisonnier. Il y a aussi Juliette et Amélie. Aux lecteurs fidèles de cette série, allez on le dit, culte d’aller lire le tout dans l’album. Des personnages secondaires comme d’habitudes très ciselés dans la lignée de tous ceux que Gibrat a su créer. On pense à Michel Audiard souvent, aux grands films des années 50. Gros plans, travellings, des trognes et des hommes, Jean-Pierre Gibrat excelle au dessin évidemment dans cette débâcle française. Louis ressemble à son père. Un Week-end à Zuydcoote sans Belmondo, retrouvailles, et ? Allez sincèrement, il ne peut pas ne pas y avoir une suite.
Mattéo, Sixième époque (2 septembre 1939 – 3 juin 1940), Futuropolis, 17 €
QUEL TALENT
LES TEXTES CISELÉS ET LE DESSIN AU SOMMET
Avec Francois Bourgeon et Vittorio Giardino c’est le podium de la BD