L’histoire du cinéma gardera son nom certes pour son talent rare mais surtout parce qu’il restera celui sans lequel l’Allemagne n’aurait plus eu de vrai présence au sein du 9e art mondial dans les années 70 à 80. Reiner Werner Fassbinder est un enfant de la défaite du Reich. Né en 1945, très vite le cinéma deviendra sa passion de vivre, un boulimique capable de tourner plusieurs films à la suite, créant des stars, et donnant des titres reconnus comme Lili Marleen ou Maria Braun. Pour raconter sa vie qui mieux que Noël Simsolo, réalisateur, scénariste historien du cinéma ? Au dessin Stefano D’Oriano qui d’un trait réaliste donne à la vie tourmentée et brève de Fassbinder tout le relief nécessaire. Un retour vers un homme qui aura marqué son époque.
On ne peut être qu’ébahi face au personnage. Fassbinder est un feu follet aux multiples facettes et arrivera au meilleur de lui même avec par contre une vie privée tourmentée. Il va côtoyer Andreas Baader qui deviendra un terroriste dont la mort en prison ne sera jamais éclaircie. Influencé par Douglas Sirk, rien ne l’arrête. Il côtoie Wim Wenders, Werner Herzog. Il sera enfin reconnu. Et tardivement récompensé. Illusions perdues, racisme, et Le Secret de Veronika Voss, Le Mariage de Maria Braun en 1978, que serait devenu Fassbinder si la drogue entre autres ne l’avait pas fait mourir à 37 ans ? On lit sa biographie comme un roman souvent noir dont il est un héros finalement très solitaire. Godard dira de lui que mourir si jeune n’était pas surprenant car Fassbinder depuis douze ans faisait seul le cinéma allemand. Réducteur quand on pense au Tambour de Volker Schlöndorff. Reste que redécouvrir Fassbinder cinéaste mythique et son œuvre n’est pas à négliger.
Fassbinder, L’homme qui voulait qu’on l’aime, Éditions Glénat, 25,50 €
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