Ce sont les auteurs de la série Irena (un grand moment d’émotion inégalé) qui racontent comment la traque du nazi Klaus Barbie a pu aboutir puis son procès. Simone est l’histoire d’une jeune résistante qui va reconnaître son tortionnaire. Pendant la guerre Simone c’était Simy Kadosche, juive et résistante, trahie, frappée par Barbie, déportée. Jean-David Morvan qui a été primé pour le remarquable scénario de Madeleine Résistante, prix Goscinny 2022 avec Bertail au dessin, signe Simone avec David Evrard. Ce sera un triptyque à la fois historique et terriblement humain. Le procès Barbie sera mis en lumière tout comme la volonté de fer de Simone, son courage qui lui permettra de survivre à l’horreur.
1972, à la télévision on montre une photo celle d’un criminel de guerre allemand qui a sévi à Lyon, patron de la Gestapo et du SD, chasseurs de résistants, de juifs, qui les a fait fusiller, torturer, déporter. Simone voit cette photo et se souvient d’un coup de Lyon en 1944, quand les Allemands l’ont arrêtée avec sa famille, que cet homme plus jeune bien sûr l’a frappée pour qu’elle dise où étaient d’autres enfants. L’homme c’est Klaus Barbie et Simone pense le reconnaître. En 1939 Simone fait partie d’une famille juive française et la guerre est déclarée. L’exode, la défaite et une adolescente, Jeanne, que recueille la famille, que l’on élève avec Simone. Lyon est occupée, les lois juives de Vichy entrent en vigueur, on sépare les enfants dans les écoles. Simone se rebelle mais pour Jeanne c’est une autre histoire.
Une chronique au quotidien, vraie. Simone va distribuer des tracts mais la dénonciation, la jalousie, police allemande et française associées, son destin va basculer. Jean Moulin sera capturé à Caluire. Lyon a été une place forte de la résistance et en payera le prix fort. Les bombardements alliés se multiplient. Simone va donc être confrontée à Barbie, déportée et les siens mourront dans les camps. Jeanne la dénonce et sera jugé, fusillée après la guerre. Barbie s’en sortira jusqu’au jour où les époux Klarsfeld le retrouveront. On sait la suite et on va le redécouvrir dans les prochains albums autour du destin de Simone. Une fois encore, faire acte de mémoire est vital aujourd’hui au moment même où la grande histoire semble bégayer, se répéter. Pour cela, pour Madeleine entre autres, Morvan doit être remercié.
Simone, Tome 1, Glénat, 15,50 €
En 1972, la télévision affiche le portrait d’un vieil homme, recherché depuis la fin de la guerre : Klaus Barbie. En le voyant, Simone Lagrange, 42 ans, est d’abord interloquée, avant de voir ressurgir un douloureux passé. Cet homme, elle le reconnait. Ce vieil homme est son tortionnaire, celui qui l’a torturée, à Lyon, à partir du 6 juin 1944… Elle se souvient de la jeune fille qu’elle était, du basculement de la France vers le régime de Vichy, avant que la zone libre ne soit occupée. Elle se souvient de ses années de résistance, en tant qu’agent de liaison. Simone s’appelle alors Simy Kadosche, elle est juive et sait que sa vie et celles de ses proches sont en danger. La délation était monnaie-courante mais personne ne pouvait s’attendre à ce qu’ils soient dénoncés par quelqu’un de si proche. C’est là, au siège de la Gestapo, qu’elle a croisé la route du chef de la section V : Le boucher de Lyon, Klaus Barbie.
Triptyque historique qui revient sur l’histoire d’une résistante française, déporté à Birkenau d’où elle reviendra après un parcours hallucinant, autant que sur le déroulement du procès historique de Barbie dont elle fût l’un des témoins clé. Simone raconte le parcours d’une femme dotée d’une volonté d’acier mais aussi de résilience. Un biopic bouleversant, qui sait décrire l’indicible à travers un langage visuel subtil – confirmant le talent des auteurs d’Irena – pour nous apprendre et nous émouvoir avec un cœur énorme.
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