La République est en danger. Des hackers ont lancé une attaque informatique qui peut déstabiliser le pays. Possible ou pas ? Fantasme ou danger bien réel ? Qui est donc derrière Cépanou, pseudonyme des trois scénaristes de l’excellent, décapant, irrévérencieux Cyberfatale, dessiné par Clément Oubrerie ? Quel est la source non autorisée qui a dévoilé les faiblesses de notre protection informatique ? Qui sont ces femmes et ces hommes, dont on ne parle pas, et qui sont les remparts de notre démocratie face à des hackers utilisés par d’autres états même amis ? Une comédie qui plonge au plus profond des mystères inavouables de notre doux pays, un petit bonheur de réalisme aigre-doux et les débuts d’une série qui va faire grincer quelques dents. Cyberfatale a été présentée en avant-première à Quai des Bulles dont Clément Oubrerie a signé l’affiche 2018. Mise en couleur par Brigitte Findakly.
Le président en slip kangourou. Une photo que les services spécialisés français n’ont pas réussi à intercepter à temps sur le net. A l’Élysée, on panique. Le lieutenant Aurore Leroux vient d’être affectée à Balardgone, QG de la cyberdéfense française. L’amiral Duperré le commande assisté par la mystérieuse Madame O, de son vrai nom Gabrielle Orsini. Et il est colère l’amiral car son supérieur, conseiller du président, François-Xavier de la Motte, n’est pas vraiment content. Duperré avait juré ses grands dieux que la cyberdéfense était la nouvelle arme imparable du siècle. De la Motte leur impose une opération de com : faire venir un journaliste dans le saint des saints pour lui faire faire un reportage positif sur le sujet. Tout en le cornaquant. L’heureux élu, c’est Antoine Paulain que l’on confie au lieutenant Leroux. Mais le parcours de Paulain va être sous contrôle sauf que, contre toute attente, il est le témoin de la véritable attaque informatique. Et c’est du lourd. L’épisode slip kangourou était un amuse-gueule.
Un délice, cette charge sabre au clair sur le champ de bataille des hackers et autres réseaux qui s’envoient leurs programmes avariés sur le net. On casse tout et on empêche les états de réagir, devenus des pantins entre leurs mains. Riposte oblige et c’est aussi cela Cyberfatale. Certes, on découvre le langage obscur de nos élites militaires, les COSSI ou autres CPCO allié au STACOM du HQ. Pas de panique, il y a un lexique à la fin de l’album. Des politiques de haut vol font de la figuration dont un certain Morbihan, ministre de la défense. Il faut s’amuser à les découvrir ou à trouver à qui ils ressemblent. C’est le côté espiègle de Clément Oubrerie dont le dessin est toujours aussi juste. Julie Birmant fait partie de Cépanou. Avec ses petits camarades de jeu, elle a concocté cette satire bien documentée, explosive et drôle, pleine d’un humour corrosif sur un sujet très chaud. Et qui peut à tout moment semer la panique. Un des meilleurs albums, les plus innovants, de cette fin d’année.
Cyberfatale, Tome 1, Si ça sort, on est morts, Rue de Sèvres, 15 €
Articles similaires