C’est d’autant plus intéressant, voire interpellant de lire aujourd’hui ce Sfar, c’est arabe ? que ces chroniques, dessins, datent de 2015 à juillet 2017. Et qui est croqué en page d’ouverture ? On vous le demande. Et bien c’est the Young Pope, vous savez bien, Emmanuel Macron , notre président qui, après un peu plus d’un an de pouvoir se heurte à des gilets jaunes en colère. Juillet 2015, Joann Sfar entame son carnet et, comme aucun autre que lui, il écrit, dessine, se positionne, et interpelle en priorité ses lecteurs. Il faut prendre son temps, écouter en fait Joann Sfar, se plonger dans ses dessins, réfléchir avec lui. Pas toujours facile mais sacrément gratifiant.
Aspirine se demande si la vie est si juste que ça. Petit vampire cherche celui qui le sauvera de la mort. Fluctuat nec mergitur, ça signifie merde à la mort. On est le 13 novembre 2015 et on meurt à Paris. Nos ennemis sont ceux qui aiment la mort. Et haïssent notre mode de vie. En anglais aussi, Sfar parle. Et conseille des chansons à la jeunesse désemparée et s’autorise des colères folles contre les politiques. Mais il ne faut pas écraser tout ce qui est différent de soi. L’arme à double tranchant, tomber dans le piège tendu par les salutistes. Sfar de continuer, jour après jour, franc, honnête et avec ses mots. Extrémisme à la française, il remet les pendules à l’heure, parle de l’Algérie, de sa lutte contre l’intégrisme religieux. Des séquences écrites de 20 pages. On change d’année. Coucou Sarko, Hollande et Manda-Lyn. Il évoque son père avec douceur, un père qui a été l’adjoint de Médecin à Nice. Il démissionnera quand le maire tournera casaque. L’attentat de Nice. Le pouvoir politique vacille selon Sfar. 2017 lui donne raison. Fillon et ses gros sourcils se plante. Et les présidentielles deviennent un cirque rigolo. Quoique. Emmanuel s’offre Marine.
C’est un long chemin qu’il fait bon parcourir avec Sfar. Un peu comme un classique qu’on lit et relit, qu’on retrouve comme un vieil ami. On le laisse et on y revient. On a aimé ses aquarelles, ses femmes, les deux barbus en marche. Ses copains, Blain, Sapin en mal d’Élysée. Il parle de Romain Gary et Camus l’Algérien. Il reste un philosophe Joann Sfar, on ne se refait pas, mais fragile, souriant. Un cas improbable au talent pétillant mais sûrement douloureux, tellement conscient. Un vrai livre de chevet ce bouquin.
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