Lire en ligne une BD avant qu’elle ne sorte en album, c’est l’objectif de la librairie de bande dessinée numérique Sequencity × E.Leclerc. Une première qui montre le bout de ses pages pdf avec la première offre de prépublication en ligne de BD, Manga et Comics à découvrir avant leur publication papier. Comparaison de cette librairie, faire comme avant, âge d’or lointain, quand on lisait de semaine en semaine dans Spirou ou autre magazine, les aventures hebdomadaires de nos héros favoris. Ce qui n’était pas non plus, avouons le, une garantie d’achat d’album.
L’âge d’or est révolu. Hormis avec des survivants comme Spirou ou Fluide Glacial. Le libraire rappelle qu’au Japon, premier marché mondial du secteur, les magazines de prépublication qui ont fait le succès du Manga depuis le milieu des années 1960 ont vu leurs ventes chuter de 6-7 millions dans les années 90 à moins de 2 millions aujourd’hui. Pour autant, loin de s’éteindre, la prépublication s’y est réinventée en numérique, avec comme premier succès une baisse substantielle du piratage sur internet. C’est dans ce contexte que Sequencity × E.Leclerc lance avec les éditeurs une offre exclusive de BD, Manga et Comics à lire en avant-première numérique : Preums!
Des BD inédites à lire chaque semaine pour 3€/mois
Pour seulement 3€ /mois, et sans engagement, l’offre Preums! permet de lire une sélection des prochaines sorties BD avant leur commercialisation en librairie. Les engagements du libraire sont les suivants. Chaque titre se complète de quelques pages ou d’un chapitre semaine après semaine. Chaque titre est publié de la première à la dernière page. Il ne s’agit pas d’extraits, et toutes les pages restent accessibles jusqu’à la fin de la prépublication. Chaque titre disparaît complètement de l’offre au moins une semaine avant sa sortie papier. Une autre prépublication prend alors sa place).
D’où cependant des interrogations. Et des questions posées par Ligne Claire à Denis Lefebvre, cofondateur de Sequencity :
Est-ce que tous les éditeurs adhérent à votre formule ? N’y a-t-il pas concurrence directe avec leurs sites de ventes sur web ? Êtes-vous sûr qu’il y aura report sur les ventes papier ?
- « Il y a vraiment un enthousiasme de la part des éditeurs qui voient notre offre comme 1/ de la publicité rémunérée (on pré-achète les pages pré-publiées et notre partenaire commercial E.Leclerc assure une forte visibilité à la dizaine de titres présents dans l’offre) et 2/ un pont intelligent entre numérique et papier, puisque les titres pré-publiés disparaissent de notre offre au moins 1 semaine AVANT la sortie papier (point clé de l’offre, on est dans la découverte avant tout). Bien sûr certains éditeurs ont refusé, comme Hachette (Pika…) qui n’entre dans aucune offre d’abonnement. Les Manga sont aussi plus longs à obtenir des Japonais que ce qu’on espérait.
- Pas de concurrence avec la vente papier car comme précisé chaque titre pré-publié se complète semaine après semaine de nouvelles pages, jusqu’à pouvoir être lu en totalité, puis il disparaît totalement de notre offre. Une autre prépublication prend alors sa place (à venir : Le Tueur, Carthago, etc…). Cela explique aussi le prix très bas de l’offre : 3€/mois sans engagement, désabonnement en 1 clic.
- Difficile encore de savoir si un report réel se fera sur les ventes papier, mais c’est notre pari avec les Espaces Culturels Leclerc et les autres libraires chez qui les lecteurs papier vont. On va chercher à mettre en avant en magasins les titres qui sont passés par l’offre, et aussi rediriger depuis Preums! vers Culture Leclerc pour acheter la version papier (je précise que E.Leclerc n’est pas à notre capital, nous sommes indépendants mais avions besoin d’une force commerciale active pour convaincre y compris les éditeurs. »
Voici ce qu’a déclaré Cyrill Torres, responsable de Marché Culturel E.Leclerc :
« La disparition de la BD une fois sa prépublication terminée est clé, car Preums! n’a pas vocation à concurrencer la vente papier mais à l’encourager. Pour un prix très raisonnable, le lecteur peut sans cesse découvrir de nouvelles séries et lire sans attendre la suite de ses histoires favorites. De quoi faire un premier tri parmi les 400 bandes dessinées qui sortent chaque mois en librairie. »
On va donc suivre avec intérêt cette nouvelle expérience dans l’air du temps qui repose sur aussi, obligatoirement, une très bonne définition d’images. Le format page album va-t-il « passer » sur écran et lequel, grand, portable, Ipad, etc… A voir de près et surtout arriver à jauger l’utilisation de ce concept qui doit en fait permettre de choisir une œuvre que l’on aura déjà lu mais qu’on voudra en album.
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