Ils font partie de notre environnement quotidien. Magasins, grandes surfaces, musées, les agents de sécurité sont là pour justement notre sécurité. Une évidence mon cher Watson, sauf que depuis les derniers attentats, ils sont devenus une sorte de repères rassurants. Lénaïc Vilain a été l’un d’eux et c’est au pied de la Tour Eiffel qu’il a exercé ses talents. Comme Vilain est aussi auteur de BD, rien que de plus normal qu’il en ait fait un album qui raconte par le menu son expérience. Humour, dérision amicale et aussi sympathie pour ces personnages que Vilain qualifie de fantomatiques et qui sont pourtant des gens comme nous, avec une histoire, une famille, une vie.
De son hôtel tranquille où il est gardien de nuit il est envoyé à la Tour Eiffel par l’agence qui l’emploie. Il se dit qu’après tout cela va le changer. Formé rapidement aux subtilités du pilier Est de la Tour où il va faire ses gammes, Lénaïc comprend vit que son job va être avant tout de crier open your bag aux milliers de touristes qui se pressent, histoire qu’il n’y en ait pas un qui balance une canette du troisième étage. Ses copains de boulot ont tous un petit quelque chose de particulier. Comme les Japonais et les Chinois. Papotakaï, c’est open your bag dans la langue de Mao. Il y a aussi la raquette à détecter les métaux, le truc qui bipe pour rien. Les bouteilles qu’on confisque trouvent toujours un gardien qui les adopte. Lénaïc va se lier avec Brahim, béret sur la tête et mal au dos, proche de la retraite qu’il va conseiller pour acheter un ordinateur. Car on peut être agent et vouloir devenir internaute même si avec Brahim c’est pas gagné. Quand on les forme à l’accueil les agents, la formatrice voit des renards. Comme le policier qui montre sa carte pour grimper les étages. Un agent cela peut avoir une force d’inertie terrifiante.
Touristes zombies, l’agent de sécurité vit un purgatoire sur Terre surtout à la Tour Eiffel. A quoi sert-il vraiment l’agent ? A dissuader, enfin, on croit. Le reportage dessiné de Lénaïc Vilain est pertinent, drôle, sincère et non dénué de tendresse pour ces agents qui font leur boulot comme ils peuvent. Vilain a passé deux ans à la Tour Eiffel. Il passe ensuite dans un Musée. Quand il retourne à la Tour en 2016, les attentats de Paris ont changé la donne. Open your bag est devenu portique, scanner, palissades et bientôt murs. L’agent ne fait pas partie de la société de la Tour Eiffel, pas les mêmes avantages. On aimé ces moments de vie qui s’enchainent bien et font découvrir un monde finalement inconnu.
Sécurité, Open your bag, Vraoum, 20 €
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