En 2012, François Schuiten avait publié La Douce, un album one-shot dans lequel il signait seul et qui mettait en scène une locomotive à vapeur mythique la 12. Son cheminot a passé sa vie avec elle et ne veut pas qu’on la ferraille. Il va essayer de la voler. Il échoue et tente de la retrouver avec une jeune femme muette. Cette fois Schuiten va droit à la 12, l’Atlantic 12 qui a bien existé et qui reste pieusement conservée dans la musée belge des chemins de fer. Une digression où Schuiten mélange réalité et fantastique, met en scène la 12 dans des planches somptueuses et d’une force évocatrice imparable.
Plus qu’un album la 12 de Schuiten est un porte-folio relié. Cet hommage qu’il rend au monstre d’acier a la beauté d’une technologie qui en imposait par la pureté de ses lignes et sa beauté. Certes, on pourra toujours dire que côte pollution mais c’était avant. Reste une machine que Schuiten dessine et légende, la capricieuse 12, élégante, « un objet du futur du passé ». Des villes et la 12 qui ne dépassera jamais ses frontières mais inspira des petites sœurs partout en Europe. On était avant la guerre, la fée électrique allait montrer bientôt le bout des ses caténaires.
Un voyage dans le temps, celui des belles machines roulantes ou volantes, on le fait avec un Schuiten inspiré comme d’habitude, investi par son sujet dont il est évidemment amoureux. La 12 a force et grâce. De superbes photos et dessins montées replacent la locomotive dans une réalité subjective mais au charme visuel étonnant. Un très bel album, soigné, inventif et bourré de charme.
La 12, Variations sur l’Atlantic 12, Casterman, 22 €
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