Une jeune fille tout ce qui a de plus normale si on excepte les petites ailes qu’elle a dans le dos, Niniche aimerait bien résoudre une bonne fois cette anomalie physique. Histoire de se faire couper les ailes. Va-t-elle trouver une solution, un médecin, un gourou pour l’aider peut-être aussi à comprendre sa différence ? Ornithomaniacs (Casterman) de Daria Schmitt sort largement de l’ordinaire et s’impose comme une œuvre poétique au léger parfum surréaliste. Une exposition des originaux de Daria Schmitt mêlant bande dessinée et sciences naturelles aura lieu du 12 au 27 mai à la galerie du 9e Art à Paris. Les planches et illustrations de la dessinatrice côtoieront les photos de la photographe naturaliste Geneviève Renson qui a étudié pendant près de dix ans le bec-en-sabot, un oiseau du Nil et héros bien sûr d’Ornithomaniacs. Le vernissage de l’exposition se déroulera en compagnie de l’auteure le jeudi 11 mai à partir de 18h.
Sa copine Tina envoie Niniche dans un curieux manoir où sévit un docteur bizarre, un professeur, dont le valet de pied, Icare, porte un sombrero sur sa tête de mort. Niniche veut qu’on lui enlève ses petites ailes qu’elle a dans le dos. Niniche explique au professeur, un honorable Balaeniceps rex, un bec-en-sabot, en un mot un gros volatile à long bec, qu’il faut qu’il trouve une solution. Ras le bol de sa différence d’autant que sa mère veut alerter la presse et en faire une sorte de monstre de foire. Un petit coup d’hypnose et Niniche se retrouve en cage et l’Oiseleur, un méchant aimerait bien la récupérer pour son zoo. Niniche se prend à rêver de voler. Icare qui voudrait ouvrir un restaurant va conseiller Niniche. Il faudrait que les ailes poussent. Les limaces bleues sont-elles la solution ? Niniche va commencer les cours. Le Professeur lui parle aussi de sa différence et Niniche réussit son premier vol. Mais l’Oiseleur n’a pas dit son dernier mot.
D’un monde à l’autre, celui de Niniche, de la petite fille, à celui de l’Oiseleur et des ses créatures fantasmées. Qui est vraiment Niniche, héroïne au caractère bien trempé de cette fable fantastique que le noir et blanc de Daria Schmitt décline en images envoûtantes et ensorcelantes. Des textes aussi, travaillés et ciselés que ses dessins, au sens propre du terme, parfois si pointus qu’il faut en savourer et en décrypter le sens car on est dans un monde où les repères échappent à la raison, s’évadent au fil des cases. On se laisse porter par ces personnages qui vivent dans notre présent, joue avec la fantaisie. On pensera c’est évident à Tim Burton, à Edward aux mains d’argent. A Schuiten aussi. Reste qu’on est de façon imparable pris au cœur par cette aventure d’exception au charme subtil, très belle. Ne pas manquer l’exposition de Daria Schmitt pour voir tout le talent de son trait.
Après des études d’histoire puis d’architecture, Daria Schmitt travaille chez Disney puis devient professeur dans une école d’arts appliqués. Elle participe à la création d’une petite agence d’architecture, avant de se consacrer à la bande dessinée à plein temps. Les deux volumes d’Acqua Alta, son premier récit inspiré par Venise et son carnaval, paraissent en 2010 chez Casterman. Ils sont suivis en 2013, par L’Arbre aux pies, une fable aux multiples références mythologiques. Daria Schmitt vit et travaille à Paris.
Ornithomaniacs, Casterman, 25 €
Galerie 9e Art 4, rue Cretet – 75009 Paris 01 42 80 50 67
Du mercredi au vendredi de 14h a 19h
www.galerie9art.fr
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