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Je suis toujours vivant, la mort en sursis

Un auteur sous protection policière continue pour un livre qui met en cause la Camorra, la mafia napolitaine, publié en Italie en 2006, c’est le récit d’un album très fort, très puissant, Je suis toujours vivant. Roberto Saviano est à la fois l’auteur de Gomorra, son livre qui l’a désigné comme cible mais aussi de cette chronique au quotidien de sa vie désormais bouleversée, sous contrôle où la mort peut frapper à tout moment. Ou pas, ce qui rend la situation d’autant plus insoutenable pour ne pas dire invivable. Asaf Hanuka, auteur israélien de grande classe, au beau talent, est au dessin. Il donne au texte de Saviano toute la rigueur graphique, l’émotion et la froideur nécessaire pour restituer finalement l’horreur d’un parcours mortel pour cause de vérité.

Il a dit la vérité, il doit être exécuté. C’est le titre d’une chanson de Guy Béart qui colle à la résistance défendue par ses mots de Roberto Saviano. Journaliste, il a assisté enfant à un meurtre en direct. En 2007 pour l’édition française, son livre Gomorra dans lequel il décrypte, décrit l’action et le pouvoir de la maffia napolitaine fait de lui une cible. Sous protection policière permanente il vit dans un studio entouré de gardes du corps, ne peut plus rien faite seul. Salviano voulait raconter qu’on pouvait se trouver en zone de guerre en plein cœur en Europe, deux clans camorristes qui s’affrontent. Son livre connait un succès qui dépasse le lectorat classique concerné. Dès lors les menaces commencent et sa vie devient un enfer, chien renifleur, artificiers, planques. Une fuite d’un parrain de la Camorra avait permis de savoir qu’on allait tenter de l’abattre même si au sein même de la mafia napolitaine tous n’étaient pas d’accord pour faire de Saviano un martyr.

Des interviews, des procès, des symboles, Saviano parle, explique, imagine ce qui peut lui arriver. Plus que la vie en sursis, on comprend que c’est sa mort qui l’est. Il ira à New York, avec une nouvelle identité. Il perd ses repères familiaux. Il est comme Salman Rushdie un coupable selon une partie de la population. Saviano prendra aussi position sur les migrants et l’attitude du gouvernement. Un homme honnête et de combat, Hanuka met en images à la fois sa simplicité, sa souffrance et la spirale infernale dont il ne peut s’échapper. Un ouvrage important et terriblement parlant.

Je suis toujours vivant, Gallimard Steinkis, 22 €

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