Riad Sattouf revient souvent là où on ne l’attend pas. Après le succès impressionnant de L’Arabe du futur (le prochain sortira fin 2022) ou des Cahiers d’Esther, il franchit le Rubicon et décide de s’auto-éditer au sein de sa propre maison, Les Livres du futur. Une tendance très actuelle en BD. Et puis avec le Jeune acteur, il dévoile à la fois son parcours de réalisateur de cinéma avec au premier plan celui de Vincent Lacoste qu’il avait choisi pour jouer dans Les Beaux gosses. Dont on sait la carrière qu’il a fait et continue à faire. On aurait pu penser, ou croire, que l’intérêt de cette histoire serait limité, certes touchante, curieuse mais sans plus. Cela serait une erreur à ne pas commettre car Sattouf a un évident talent de conteur, on le sait, d’écrivain au sens le plus romanesque du terme, et en plus un passion pour Truffaut. Son Jeune acteur mélange mine de rien les sentiments de Riad Sattouf et ceux de Lacoste pour en arriver à un œuvre commune bourrée de sentiments et de spontanéité qui aura une suite qu’on attend avec impatience.
Faire du cinéma il en rêvait Riad, se trouvait moche, aimait la SF et Antoine Doinel qui pourtant était l’opposé de ce que le jeune Sattouf aimait. Flash sur Truffaut et au début des années 2000, Riad fait des bouquin sur les jeunes. Et décide de faire un film sur eux, monte un financement, trouve un agent pour le casting sauf que rien ne lui va dans les acteurs qu’on lui propose. Trop beaux, il veut des têtes bizarres, des moches donc un casting sauvage, un nom bien choisi. La galère est de taille. Arrive un certain Vincent Lacoste, un peu oublié dans le casting. Le moins pire mais qui fait tilt et emporte le rôle car il a sans le savoir le potentiel du héros au talent à décaper cependant. Il enchaîne Vincent Lacoste dans l’histoire, se livre. Sattouf lui fait raconter sa vie et là on est de plus en plus scotché par le récit.
Dans un monde qui lui est inconnu, difficile, dur, fascinant, Vincent Lacoste raconté par Sattouf ne vise pas le sommet mais va l’atteindre sans se « prendre le melon ou frimer ». Sattouf va veiller au grain. Car Vincent c’est quand même dans le film beaucoup lui, presque son double. On suit toutes les péripéties, les petits accidents qui ont failli mal tourner, le tournage et l’envol de Vincent Lacoste sous l’œil d’un Riad étonné quand même. Tout est fluide, les images s’enchaînent, on n’est pas loin du long-métrage bien cadré. Tout est vrai dans ce Jeune acteur qui sonne juste et on y adhère.
Le Jeune acteur 1, Aventures de Vincent Lacoste au cinéma, Les Livres du futur, 21,50 €
Articles similaires