Albums

Salade César, sacré Jules

Sacré Jules comme disait le petit Gaulois, il n’était pas peut-être celui que l’on croit. Bon Alea jacta est, Veni, vidi, vici, je te fais un enfant à Cléo, je fais de la purée de Pompée, je me paye la Gaule et Vercingétorix le tout à la troisième personne, je triomphe, je suis imperator, dictateur, j’adopte Octave. Et voilà l’erreur. Brutus est jaloux, tu quoque fili. Bingo. Salade César remet les pendules romaines à l’heure. Un bellâtre digne d’une salle de fitness pour cerveau à neurones en fuite, Karibou et Josselin Duparcmeur se font une joie maline de revisiter la Grand Jules. Et ils n’y sont pas allés du bout de la toge prétexte (oui, huit de Latin ça laisse des traces). Ils ont balayé sa vie en large et en travers mais, il faut le dire, on rit avec bonheur de voir César en abruti, en crétin prétentieux car l’humour règne, impérial dans ce charmant livret qui ose tout. Et le dessin tient bien la distance entre le Sénat et le Cirque Maxime. Une belle découverte.

Il a de beaux pectoraux Jules, un visage charmeur et un Brutus qui commence à avoir des envies de meurtre. Il faut que le bon peuple aime Jules qui est persuadé qu’un oracle anticipe. Et que Romulus et Remus sont des loups-garous, ce qui peut se défendre, en fait. Astucieux Jules, on ne la lui fait pas. Il sème la zizanie Jules et Brutus voit des renards, prépare un complot masqué avec buffet à volonté et orgie si affinités. Un roi, non un empereur des échecs, il comprend vite César. Sauf qu’il ne faut pas le prendre pour plus bête qu’il n’est. Un intuitif avec quelques visions fugitives et comme en face de lui ils sont tout autant tartes, la République a du soucis à se faire.

Des astuces d’enfer, des trouvailles superbes comme la théorie de la girafe, le légionnaire en catapulte (ça on a déjà vu, non ?), se mettre tout nu pour désorienter l’adversaire, et des gladiateurs qui danse la salsa en jonglant, le délire est bien construit, un plaisir qui, mais c’est historiquement incontournable, finira mal. Ah oui, César c’est pas que la salade, c’est aussi la quiche aux poireaux. Un petit côté Monty Python aussi bien tourné.

Salade César, Pataquès Delcourt, 13,50 €

Partager

Articles récents

La Sagesse des mythes de Yvain le chevalier à la Belle au bois dormant

On avait déjà signalé que La Sagesse des mythes, la collection consacrée à la mythologie…

21 novembre 2024

Pyongyang parano, les blaireaux des légendes

Du vécu un peu amélioré mais qui sur le fond est passionnant et remarquable. Comment…

21 novembre 2024

bd BOUM 2024, c’est ce week-end du 22 au 24 novembre 2024

Récompensé par le Grand Boum-Ville de Blois, David Prudhomme préside la 41e édition du festival…

20 novembre 2024

Mémoires de gris, Tristan et Yseult revisités

Un bel album ce qui est tendance, dos toilé, beau cartonnage et 240 pages, Mémoires…

20 novembre 2024

Un doublé belge de Spa à Bruxelles chez Anspach

On les suit de très près les éditions Anspach car c'est vrai on a un…

20 novembre 2024

Prix Landerneau BD 2024 présidé par Mathieu Sapin, la sélection

L’auteur et dessinateur de bandes dessinées Mathieu Sapin préside aux côtés de Michel-Édouard Leclerc le…

19 novembre 2024