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Interview : Retour avec Dobbs sur Sa Majesté des Ours, fantasy animalière

Il était une fois Holmgaard, un royaume où les ours régnaient en maître et redoutaient la folie des hommes. Une sorcière avait des comptes à régler avec les plantigrades. Dobbs, Vatine et Cassegrain ont signé cette fantasy animalière bien amenée. Le premier tome de Sa Majesté des Ours se fait les griffes chez Comix Buro et Dobbs, le scénariste, revient avec les questions de ligneclaire sur la génèse de l’album. J-L. TRUC

Dobbs. JLT ®

Quelles sont, Dobbs, les origines du projet ?

Après notre collaboration sur l’adaptation d’Odyssée sous Contrôle, Comix Buro m’a donné la possibilité d’écrire la Baie des Cochons, pour la collection Rendez-vous avec X. C’est à ce moment-là, alors que je développais plusieurs sujets pour eux, qu’Olivier Vatine et Olivier Sztejnfater m’ont parlé d’un projet de fantasy animalière qui était dans les tiroirs depuis quelques temps.

Olivier Vatine avait eu l’idée d’un royaume animal qui découvrait un enfant humain échoué sur ses côtes, ce qui provoquait la réunion d’un conseil extraordinaire et l’envoi d’un groupe de personnages pour éclaircir certaines questions. Il y avait une introduction, et quelques planches de Didier Cassegrain. Tout le reste était à développer : ils m’ont demandé si ça pouvait m’intéresser, j’ai dit oui.

Quelle a été la répartition des tâches ?

Avec les éléments à disposition, nous avons développé les personnages, leurs attitudes, leurs personnalités et leurs visuels avec Didier, autour de croquis et de montage Photoshop. J’ai par la suite soumis un scénario dialogué complet du tome 1 (Les Colonnes de Garuda), avec des pistes à exploiter pour la suite. Olivier a pris le relai sur le storyboard, et Didier s’est ensuite attelé aux pages définitives avec la patte qu’on lui connait, son approche immédiatement reconnaissable dans les rendus de ses personnages et de ses décors.

Mention spéciale à Olivier Sztejnfater et Marie, l’assistante édito chez Comix Buro, qui ont fait un sacré travail de relecture et de pré-presse. On oublie quelques fois de mentionner ce travail, alors qu’il est juste capital.

Y’a-t-il eu des sources d’inspirations particulières ? Dessins animés ? Don Bluth ? Le Monde de Nimh ? Fievel ?

Le passé de Didier chez Disney ressurgit parfois, mais je pense que nous avons tous un même bagage cinématographique. Dans nos références en fantasy filmée, animée et écrite, nous avons beaucoup de choses en commun : il y a forcément du Conan dans Sa Majesté des Ours, mais également des touches discrètes de Dark Cristal, de Dragonslayer, des œuvres de Frazetta, de Don Bluth et aussi de Ralph Bakshi. Ce n’est pas une Epic Fantasy manichéenne qui s’est mise en place, mais un mélange d’influences allant du fantastique à la Sword amp Sorcery, tout en ne perdant pas de vue que certains modèles ont parfois mal vieilli et sont peut-être marqués du sceau des années 80/90. Il a juste fallu passer les choses à la moulinette moderne, avec quelques touches d’ironie sur certaines situations.

Dans le choix des personnages, de leurs relations et de leurs ambitions, il y a toutes sortes de références croisées et certainement un maximum d’éléments inconscients et symboliques apportés çà et là. Ce que je peux dire c’est que dans le tome 1, on pourrait dénoter tout autant d’empreintes de Tolkien, Stevenson et Lovecraft que de « griffe » du Roi Lion, avec parfois un soupçon de légendes arthuriennes. Mais c’est peut-être un leurre, qui sait… Et si je disais que le tome est truffé de d’influences de Star Wars, Tarzan, King Kong, Flash Gordon ou même de Magic the Gathering ou encore Erik le Viking… me croirait-on simplement ?

La cohabitation d’un monde zoomorphe et humain est un choix personnel ? Avec des ambitions ou volontés particulières, ou simple choix scénaristique qui ouvrait des possibilités narratives ?

Cet angle était choisi dès le début par Olivier Vatine. C’était un point de vue spécifique avec des animaux anthropomorphes peuplant un royaume nordique et devant explorer un monde à découvrir (et donc à créer, d’où le challenge et l’ouverture aux possibles). L’écriture du tome 1 nous a surtout permis d’installer une situation dans un monde et une cosmogonie que nous développons actuellement dans un tome 2 qui sera là pour surprendre, garder en haleine et adopter certains points de vue narratifs. J’ai vu plusieurs croquis de Didier sur le prochain opus, et j’avoue que ça promet de l’émotion, des personnages marquants, plus de noirceur et surtout de nouveaux challenges.

Combien d’albums sont prévus ?

Nous partons dans un premier temps pour un cycle de 4 albums, afin de boucler le fil rouge de l’histoire. C’est un nombre de tomes suffisants pour répondre aux différentes interrogations, de faire évoluer les personnages et leurs relations : ceux qui sont de sang royal et les autres, ceux qui gravitent autour du roi, du prince et de son oncle… Il est tout aussi nécessaire d’installer la cosmogonie du monde que de montrer la fin d’une certaine innocence des personnages principaux. En effet, suite au départ d’un « sanctuaire » où tout est maitrisé, il devenait de plus en plus évident qu’il fallait prendre un certain temps pour montrer le passage à l’âge adulte, la peur face à l’inconnu et l’imprévisible, ainsi que la fin de certaines illusions, en compagnie de proches qui peuvent encourir de vrais risques.

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