Les Recettes inavouables ou À la table des Lumières, la cuisine en bulles
On s’approche à grands pas des soirs de fêtes, de ces repas généralement pantagruéliques dont homard, foie gras et autres chapons sont les rois avant bûches et fruits confits. Alors autant rester dans le registre avec deux albums qui ont l’avantage non seulement de donner des recettes pas obligatoirement de saison mais pleines d’idées ou mieux encore historiques avec rappel des origines. Les Recettes inavouables illustrées sont une belle somme d’idées pour se tirer d’affaire en toute circonstance, avec un placard rempli au minimum et pourtant l’obligation de concocter un petit plat. Un manuel de survie à décrypter. Second titre, c’est dans le cadre du tome 3 des Cuisines de l’Histoire, celui consacré à La Table des Lumières, un XVIIIe siècle où manger a un sens comment dire incontournable même si on sent que tout s’affine côté recettes. Direction les fourneaux.
Seymourina Cruse a écrit ces Recettes inavouables illustrées que pourtant elle va nous décrire par le menu avec l’aide de la dessinatrice Anne-Sophie Constancien. Des formules magiques plus que des recettes, il y en a pour tous les goûts. Il faut s’amuser, se faire plaisir et surtout ne rien dire à ceux qui vont les déguster. primordial pour ces recettes faciles, bon marché avec un produit banal, célèbre et peu gastronomique. On se tait quand on sert au choix un porc laqué au Carambar, un tian au fromage blanc 0% ou des Balles de ping-pong faites avec des Pim’s, si ce n’est l’Opéra de Lucie façon Cécile. On n’en croit pas ses yeux quand on se plonge dans les fiches techniques. Simplicité, facilité, bon gout, rapidité et résultat assuré. Très didactique le bouquin avec plein de petits conseils à bien suivre. Promis on va essayer.
À la table des Lumières associe, c’est la tradition de la collection, traditions culinaires et grande Histoire. La Pompadour et ce bon Louis XV ouvrent le bal avec le Champagne qui commence sa percée fulgurante. Des coupes en forme de seins, ceux de la divine marquise ? Une légende. Un potage au céleri et truffes, un puits d’amour, le chocolat chaud à la vanille, la cuisine peut stimuler la passion physique. La recette de la crème de céleri aux gésiers conclue la scènette. Parmentier et sa pomme de terre qu’il veut imposer contre la famine mais qu’il n’accepte pas de voir qualifier de pain, un combat que le roi encore devra arbitrer. La patate ne viendra en France que bien après les autres pays européens. Le pain des pauvres qu’il a dit Loulou. Pommes de terre à la maître d’hôtel, c’est toujours d’actualité. Soupe de ris (riz) pour calmer la disette, on se nourrit comme on peu quand la faim règne. Les premiers restaurants ouvrent. Diderot s’en est mêlé. Et on continue avec humour et bonne humeur tout au long de ces années qui vont mener à la Révolution, pas culinaire vraiment, encore que la cuisine ait toujours réussi à se faufiler à travers tous les grands mouvements historiques. Une jolie balade avec Rutile et Maud Begon pour dessin et couleur.