Difficile de faire plus violent. Encore qu’à l’impossible nul ne soit tenu. Avec ses 7 Cannibales, Sylvain Runberg plonge au plus profond de l’horreur extraordinaire. Le scénariste d’Infiltrés, de Millenium, de Drones ou des Chants des runes a mis la sauce, si l’on peut dire, dans cette chronique parfois dérangeante de Grande bouffe, d’American Psycho, d’Orange Mécanique ou de Chasse du comte Zarroff version branchée et au goût du jour. Tirso au dessin assure hémoglobine et faciès tragiques d’un trait réaliste qui assume le contexte.
Sept copains bourrés de fric en mal de sensations fortes s’organisent chaque année une fête qui dure une semaine. Réunion amicale mais qui est destinée à faire monter leur adrénaline. Filles, alcool, drogue, bientôt cela ne suffit plus aux sept tordus. Meurtre gratuit de clochard, course en voiture qui tourne mal, chasse à l’homme en plein désert, ils montent en puissance dans l’horreur et dans les besoins les plus inavouables. Dernier stade le cannibalisme mais il faut que le gibier soit tendre, certes, et féminin. Pour leur fête annuelle ils sélectionnent à nouveau une jeune femme qui sera la proie paniquée destinée à finir en ragout. Sauf qu’ils tombent sur un os. La belle a de la ressource et de l’expérience côté combat rapproché. Le gibier va devenir chasseur ce qui n’était pas prévu au menu ni au programme.
Le principal intérêt de ses Sept cannibales est le retournement de situation bien que tout à fait prévisible de la victime désignée qui flingue ses bourreaux. On attend avec impatience de savoir comment elle va s’y prendre. Pour le reste assez enchevêtré on est balloté, parfois mal à l’aise mais il faut reconnaître à Runberg de tenir la cadence. Pas d’humour, du rouge et du noir, sans nuances qui auraient pu donner au sujet pas banal mais difficile une autre envergure.
7 Cannibales, Delcourt, 15,50 €
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