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Motorcity, Runberg pour un polar angoissant et déjanté

Philippe Berthet continue à alimenter sa collection Ligne Noire et cette fois, après Zidrou, c’est à un spécialiste de la noirceur totale qu’il a confié le scénario de ce nouveau one-shot. Sylvain Runberg envahi par les courants glacés des terres nordiques a concocté une histoire angoissante sur fond de mouvement politico-socio-culturel, les Raggare, qui s’exprime en Suède. Avec Motorcity on a une inspectrice qui a un passé mouvementé, un patelin qui fait penser à Broadchurch saupoudrée de Happy Days version glauque ou Seven. Étonnant et assez transposable dans d’autres pays. On ne peut, une fois de plus, que saluer, aimer et tomber sous le charme du dessin de Philippe Berthet, maître d’un trait qui avec une efficacité sans faille transpose tous les tourments ou les qualités de l’âme humaine.

Lisa débarque jeune inspectrice au commissariat de Linkoping. Elle est jolie et rappelle quelqu’un au plus ancien flic de l’équipe, Robert. Son équipier Erik la prend en charge et ils vont avoir à rechercher un type du village, Anton Wiger qui a disparu. Wiger est un passionné de voitures et fait partie d’un mouvement qui participe au Motorcity et qui retape des voitures US anciennes sur fond de rock chanté par Presley. L’enquête montre que Wiger n’était pas aimé et que sa copine n’est pas fâchée qu’il ait disparu. Les deux policiers se rendent à la Motorcity où se rassemblent les fans de voitures et Lisa avoue à Erik qu’elle est du coin et qu’elle connait tout le monde, ayant eu elle-aussi sa période bagnoles sans pour autant être Raggare, mouvement raciste et violent.

On suit pas à pas Erik et Lisa dans une enquête qui va aller crescendo. Il n’y a pas chez Runberg de faiblesse jouant sur un happy-end. On est toujours dans le dur le plus absolu, le déjanté total. Motorcity ne fait pas exception comme cela était déjà le cas dans Sept Cannibales sauf que cette fois le scénario est vraiment construit, efficace et bien mené par le dessin de Philippe Berthet. On flirte avec l’horreur pure, la démence qui vient peu à peu brouiller les pistes. C’est en cela que Sylvain Runberg qui est devenu un scénariste prolifique revisite le genre dans la lignée de la littérature policière scandinave. Souvent cependant prévisible, on aimerait aussi qu’il change parfois de thème comme il a su bien le faire récemment avec Le Règne et Boiscommun.

Motorcity, Dargaud, 14,99 €

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