Albums

Les Zazous, danser pour être libre

L’expression, au moins à une époque, était restée dans le vocabulaire sans que l’on sache vraiment pour la plupart sa signification. Faire le zazou était un peu péjoratif, à savoir être un brin déjanté et farfelu. Mais qui se souvenait que les Zazous avaient marqué la vie parisienne et française, en pleine occupation, bandes de jeunes aux habits excentriques et passionnés de ce jazz qu’on interdisait ? Salva Rubio et Danide au dessin reviennent sur l’histoire des ces Zazous qui avaient réussi à agacer très fortement Allemands et pétainistes, parfois au péril de leur vie. Ne pas subir était leur devise.

Juin 1940 la France est coupée en deux, a été battue et Paris est bourrée de vert de gris. Les Parisiens font le dos rond mais des jeunes, filles et garçons adoptent une attitude qui doit les différencier des autres. Habillés à la mode américaine, vêtements amples, jupes courtes, avec un volontaire mauvais goût. Ils écoutent du jazz et dansent sur cette musique interdite dans des caves de Saint-Germain-des-Près. Ce sont des Zazous. Frankie n’est pas encore l’un d’eux et s’occupe de sa jeune sœur Lola. Frankie est un voleur à la tire pour survivre mais la police le repère et l’arrête. Un commissaire, Klébert, décide de se servir de lui pour surveiller sa propre fille qui fait partie des zazous. Certains pourraient faire partie de la résistance. Le hasard va lui permettre de se faire adopter par la bande.

Un indic qui va rapidement devenir un zazou à part entière. Il va lui falloir apprendre à danser le swing et comprendre toute la philosophie du mouvement. Django Reinhardt, Cab Calloway, être zazou, c’était danser sur la croix gammée dans Paris occupé et rester libre. Reste que même si les zazous ont eu une attitude anti-allemande et anti-Vichy qui les haïssait, danser était une façon de résister à la frontière de la résistance combattante. Dans l’album, Rubio pose parfaitement le problème sur le fond tout en donnant à ces héros des objectifs plus proches d’une action sur le terrain comme la manifestation des jeunes à l’Arc de triomphe du 11 novembre qui va mal tourner. Un premier album qui pose le décor, les personnages et leur évolution pour un futur qui sera à coup sûr dramatique. Bien tourné cependant et Danide a crée une vraie atmosphère.

Les Zazous, Tome 1, All too soon, Glénat, 15,50 €

Partager

Articles récents

La Sagesse des mythes de Yvain le chevalier à la Belle au bois dormant

On avait déjà signalé que La Sagesse des mythes, la collection consacrée à la mythologie…

21 novembre 2024

Pyongyang parano, les blaireaux des légendes

Du vécu un peu amélioré mais qui sur le fond est passionnant et remarquable. Comment…

21 novembre 2024

bd BOUM 2024, c’est ce week-end du 22 au 24 novembre 2024

Récompensé par le Grand Boum-Ville de Blois, David Prudhomme préside la 41e édition du festival…

20 novembre 2024

Mémoires de gris, Tristan et Yseult revisités

Un bel album ce qui est tendance, dos toilé, beau cartonnage et 240 pages, Mémoires…

20 novembre 2024

Un doublé belge de Spa à Bruxelles chez Anspach

On les suit de très près les éditions Anspach car c'est vrai on a un…

20 novembre 2024

Prix Landerneau BD 2024 présidé par Mathieu Sapin, la sélection

L’auteur et dessinateur de bandes dessinées Mathieu Sapin préside aux côtés de Michel-Édouard Leclerc le…

19 novembre 2024