Après le superbe, tendre, émouvant album Les Petites Victoires, très personnel et impliqué, Yvon Roy s’est lancé dans une autre tranche de sa vie. Graines de bandits est une plongée dans les années soixante-dix au Canada. Une famille bouge pour s’installer dans un coin un peu perdu. Mais rien ne va se passer comme prévu pour les deux garçons d’un couple qui va partir à la dérive tout en offrant aux enfants un terrain de jeux d’exception.
1973, ils pensent avoir tout pour être heureux. Une gentille famille avec deux garçons fait construire sa maison dans un endroit reculé du Canada. Mais il y a dérapage, malfaçon, endettement. La campagne environnante est une merveille pour l’esprit inventif, conquérant des garçons. Trappeurs sur la frontière, explorateurs en Amazonie, tout est possible à imaginer. Mais il y a Carl, un autre gamin qui ne voit pas d’un bon œil cette invasion. Par contre ils peuvent à trois créer une bande. A la maison, la maman qui aurait pu être une grande pianiste se met à déprimer. Quant au père, il se rapproche d’un groupe religieux qui porte un béret blanc. Un peu extrême et pas du goût des enfants qui découvrent qu’à côté de chez eux il y a la jolie Nathalie. Études à la maison, les deux frères dénotent dans le village.
Des esprits curieux de tout, deux gamins solitaires et solidaires sont face à des parents qui vont se déchirer peu à peu. Cette chronique au jour le jour est d’une rare vérité. Ils vont créer leur monde, y vivre en chefs, faire des bêtises grosses, mais jamais méchantes. On pourrait presque dire courageuses. Comment répondre à la violence que les adultes vont leur infliger ? Il y aura l’église pour l’un, une course de kart. Du rêve aussi, il en faut. Au total, toute la fraîcheur d’enfants qui vont s’efforcer de se créer un bonheur que leurs parents leurs refusent. Une émotion très forte se dégage au fil des pages.
Graines de bandits, Rue de Sèvres, 18 €
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