Un triptyque qui a commencé sous les meilleurs augures. Colin Wilson est le dessinateur de Nevada dont le tome 2 tient toutes les promesses du précédent. Un para-western hollywoodien dans lequel la Harley a remplacé le Mustang. Nevada est un chasseur de primes qui aurait hérité du caractère ombrageux de Josh Randall et de quelques traits physiques de Blueberry. Lui et sa copine ont des comptes à régler mais il faut aussi bien vivre et servir de convoyeur ou de livreur à domicile. Sauf qu’il vaut mieux ne pas déplaire aux triades chinoises qui ont Frisco sous leur coupe. Dessin comme on aime, du talent, un scénario qui déménage dans un désert qui n’est pas encore trop perverti, Fred Duval et Pécau tiennent la route et gardent le cap dans le ton, les ambiances. Un polar façon années trente revisitées par un cow-boy solitaire qui ne lâche rien.
Sur sa Harley, il dévale les rues de Frisco, provoque un carambolage et flanque dans le décor deux péquenots qui viennent de braquer une banque. L’un d’eux pourrait bien lui parler de Carlsen avec qui il une affaire dans le lourd en suspend (lire le tome 1). Nevada obtient des détails mais pas assez sur sa présence à Denver. Mais avant d’y partir, Louise, plus ou moins proche de l’acteur James Cagney, confie une mission à son copain Nevada, livrer un kilo de drogue que lui confiera un des patrons chinois du trafic, Wong. Ce qui va valoir à Nevada d’avoir aux fesses un concurrent impitoyable de Wing, Cheng, à qui les braqueurs qu’il a arrêtés, devaient de l’argent. La came contre la dette. En prime, le FBI espère bien tirer les marrons du feu de l’opération. Ils jouent tout sur Nevada devenu un appât pour arrêter Cheng. Sale temps à Chinatown et direction le désert où les agents fédéraux lui racontent leur vie.
Un décontracté, Nevada, efficace, mais fidèle. Pécau et Duval lui ont concocté une poursuite infernale où les Colt aboient, la Harley passe et l’aéroplane mitraille. Il fallait aussi une belle blonde, Dorothy Johnson authentique romancière qui a écrit des westerns, quelques bouseux, le tout sur la 99, pas loin de Vegas qui est en train de se construire irriguée par le Hoover Dam, barrage grandiose construit par Roosevelt. Colin Wilson fait dans le détail, aligne la doc et reconstitue le Nevada. Ils n’aiment pas non plus James Cagney, on le sent. Des scènes de duels impitoyables et superbement mises en scènes. Clair, net, précis, ce Nevada est une perle. Une question sur la couverture où Nevada est à cheval alors qu’il ne monte pas dans l’album ? Une allégorie westernienne ou hitchcockienne version La Mort aux trousses ? Enfin, on aurait aimé en savoir un peu plus sur le passé de Nevada.
Nevada, Tome 2, Route 99, Delcourt, 14,95 €
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